Eveil

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Difficile de juger ce roman seul, car il n’a pas de fin et appelle le volume suivant. D’autant plus que certains épisodes intercalaires ne sont pour l’instant reliés en rien à l’histoire principale, qui est celle de l’éveil d’une intelligence dans le Réseau. Est-elle liée à la coupure d’une partie du réseau par les autorités chinoises, ou à l’utilisation d’une autre partie du réseau pour créer un décodeur de vision à l’intention d’une jeune aveugle ? Rien n’est clairement dit à ce sujet. Mais cette naissance se produit au moment de ces deux événements, et, très rapidement, la nouvelle intelligence prend conscience de ce qu’elle est liée à l’« oeil-pod » de Caitlin, la jeune aveugle, et n’aura de cesse de parvenir à prendre contact avec celle-ci. Laquelle, enfant douée en mathématiques, prend conscience de ces tentatives de contact et s’efforce à son tour de parvenir à communiquer.

Disons le tout net : alors que j’avais apprécié les romans de Sawyer lus précédemment comme comportant une part de réflexion intéressante à creuser, j’ai eu l’impression avec ce livre de lire un manga ou un conte de fées, et que l’auteur a fait un certain nombre de pétitions de principe graves pour mettre en scène une intelligence de type humain capable de déchiffrer les fichiers qui la constituent et d’apprendre en lisant Wikipedia comment est constitué le monde « réel ».

En admettant cette hypothèse, peut-être le volume suivant comportera-t-il un traitement cohérent. Mais tant que je ne l’aurai pas lu, je reste sur une impression négative.

Je ne connais pas bien certaines des références répétées, comme l’histoire d’Helen Keller. Comment Caitlin peut appliquer la méthode qui a permis de rendre la vue à Helen à l’apprentissage de la communication par l’Esprit du réseau (Webmind) tient du wishful thinking. Quant à la thèse de Julian Jaynes sur « La naissance de la conscience dans l’effondrement de l’esprit », l’exposé qui en est fait donne l’impression d’une pure loufoquerie, et je n’ai rien lu qui expliquerait en quoi elle intervient dans l’éveil de Webmind, l’intelligence du réseau. J’aimerais en savoir plus sur les méthodes de mesure mathématique de l’entropie et de l’information, les tests de Zipf et de Shannon, et certains autres problèmes évoqués. Mais, une fois le livre refermé, j’ai envie de crier : c’est une (agréable, néanmoins) fantaisie, sans rien de scientifique.

En espérant que la suite sera plus structurée... Dans ce livre, comme dans celui que j’ai lu après, j’ai l’impression que Sawyer accumule à l’excès les références et en arrive à perdre de vue l’idée de base. Mais peut-être celle-ci est-elle plus développée dans le volume suivant...

Éveil de Robert J. Sawyer, trad. Patrick Dusoulier, Robert Laffont

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