Réseau Mermoz (Le)

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Le réseau Mermoz est le troisième volet des aventures des Rats de poussière. Découverts dans Goodbye Billy, les Rats de poussière sont une équipe d’archivistes pêchus qui enquêtent sur le terrain. Menés par Dick Benton, un ex du FBI, ces agents s’intéressent à des énigmes historiques qui trouvent un enjeu contemporain.

Dans Le réseau Mermoz, il est question d’une lettre que l’Aéropostale n’est jamais parvenue à délivrer et qui refait surface sur Ebay. Cette correspondance mystérieuse, marquée du sceau du Troisième Reich, est un enjeu de taille pour de nombreux protagonistes qui n’hésitent pas à employer la manière forte pour se la procurer.

 

Un mot sur l’auteur

Laurent Whale est né en 1960 à Torquay (Angleterre). Auteur de romans et de nouvelles fantastique, SF et policières, il est également critique, traducteur et guitariste à ses heures perdues (Notamment avec le groupe très non officiel Les bons à tirer, en compagnie de quelques joyeux drilles écrivains). Il a remporté le prix Merlin en 2005 pour sa nouvelle Hélas Elias, le prix Rosny Aîné en 2011 pour Les pilleurs d’âme (Ad Astra, 2010) et le prix Masterton pour Le manuscrit Robinson, deuxième roman consacré aux Rats de poussière. Un beau parcours pour celui qui fut soldat, mécanicien, commercial et qui décida de tout plaquer pour profiter de la vie (« elle est trop courte pour la gâcher », dit-il dans une interview donnée pour Actu SF) et se consacrer à l’écriture.

 

Mon avis

Laurent Whale et les éditions Critic étaient faits pour s’entendre. Leur collaboration, débutée en 2012 avec Les étoiles s’en balancent, aboutit à de très bons récits populaires, dans la tradition des défuntes éditions Fleuve noir. On retrouve dans cette troisième aventure des Rats de poussière la recette efficace des deux précédentes et ce qui constitue la marque de fabrique de Critic : chapitres courts, cliffhangers, écriture très visuelle, références contemporaines à certaines séries ou films.

Par contre, le fond du propos a changé et est devenu bien plus noir. L’action se déroule à Marseille, en plein hiver, sous une neige inhabituelle quand on pense à la cité phocéenne. Des mercenaires russes croisent des djihadistes, des gangsters des cités Nord et des agents du Mossad, les intrigues s’entrecroisent avec en toile de fond, toujours, cette lettre que Mermoz aurait dû délivrer mais qui n’a jamais trouvé son destinataire.

La relative légèreté des précédents volumes cède le pas à une intrigue sanglante, marquée par quelques scènes à la limite de l’insoutenable (déconseillé aux âmes sensibles) et d’autres qui permettent à Laurent Whale de faire preuve de son talent à traiter les scènes d’action. Les Rats de poussière sont un instant relégués au second plan, Dick Benton avouant lui-même ne plus rien maîtriser. Le lecteur se reconnaît dans ce rôle de spectateur impuissant d’un désastre en cours. On a l’impression que l’auteur nous murmure « Regardez, le monde est devenu fou et personne n’y peut plus rien » .

Quelques chapitres remontent le temps et narrent les évènements ayant été le déclencheur du récit. Comme d’habitude, ces scènes sont écrites avec un tel brio que je garde le regret qu’elles ne soient pas davantage développées et qu’elles perdent de leur importance au fil du récit (J’aimerais bien voir Laurent Whale s’essayer au roman historique, tant son intérêt pour les périodes passées est grand et tant il est à l’aise à faire évoluer des figures légendaires).

Le réseau Mermoz est un roman vif et nerveux, maîtrisé de bout en bout et marqué par une intrigue sombre et (ultra)violente qui expose en filigrane la folie de notre monde.

 

Le réseau Mermoz de Laurent Whale, éditions Critic, mai 2017

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