République des enragés (La)

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Histoire et science-fiction

La république des enragés constitue le deuxième roman de Xavier Bruce (après Incarnations, paru au Belial en 2009), écrivain assez rare qui s’était fait remarquer pour son radicalisme littéraire et son goût pour les expériences limites. Avec ce deuxième opus, il se propose de nous transporter au moment des évènements de Mai 68. Depuis la campagne électorale de 2007 où un candidat se proposait de liquider l’héritage de Mai, on peut dire que le passé hante le présent : c’est maintenant au tour de la science-fiction de s’emparer de la chose (si j’ose dire).

 

Les X-Men en mai

Les étudiants manifestent, le pouvoir gaulliste vacille. C’est le moment que choisissent, sans se concerter, les anciens élèves de l’Institut Heintelle pour faire parler d’eux. Seize ans plus tôt, ils se sont évadés de cette école très particulière (qui rappelle un certain institut à Wetchester) où ils avaient développé leurs talents (hypnose, faculté de dédoublement etc.) sous la houlette du professeur Heintelle (et non Charles Xavier), pour le compte de la République française. Le chaos des évènements de Mai est l’occasion de se venger des institutions, par exemple en enlevant un député, Alphonse Chagnard, connu pour son goût des parties fines. Dans leur quête de vengeance, ils croisement Serge July, Daniel Cohn-Bendit. Iront-ils jusqu’au meurtre ?

 

Tout ça pour ça ?

Ce roman, malgré l’énergie de son auteur, ne convainc guère. Xavier Bruce a l’ambition de nous proposer une uchronie avec comme personnages principaux des mutants, thème classique de la science-fiction depuis Les plus qu’humains de Theodore Sturgeon. Force est de constater que la sauce ne prend pas. Est-ce à cause de la peinture du pouvoir qu’il nous propose ? Sans verser dans le plaidoyer, on doit constater que les hommes du pouvoir gaulliste sont ici présentés soit de façon ridicule, soit en train d’ourdir des complots sinistres… L’auteur de ces lignes avoue ne guère goûter la propagande soixante-huitarde qui a traité de fascistes des hommes comme de Gaulle et Malraux qui avaient justement été les héros de la lutte anti nazie. D’un point de vue de l’efficacité romanesque, la menace contre laquelle nos braves mutants luttent apparaît bien peu menaçante...

 

Enfin, d’un point de vue narratif, La République des enragés souffre d’un abus de dialogues qui ralentissent l’action (mais n’est-ce pas un hommage à l’esprit de 68 et à ses débats confus et interminables dans les amphis ?). C’est dommage car il y avait ici un vrai sujet de roman.

 

Xavier Bruce, La république des enragés, éditions Actusf, couverture d’Éric Holstein, ISBN 9782917689714, janvier 2015, 305 pages, 18 €

 

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