Règle du jeu (La)

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« Runners » n’a qu’une seule règle : le gagnant est le premier participant à comprendre le but du jeu et à atteindre son objectif.

Pendant la partie, tous les coups sont permis, et c’est au gré des alliances et des trahisons que les Runners tentent de remporter le Prix.Quand Jonas se réveille dans un champ de maïs avec d’autres joueurs, une armée de chasseurs, munie de chiens et de fusils, les attaque. Commence alors pour lui une course folle pour rester dans la partie, quitte à éliminer tous ceux qui se présentent sur son chemin...

 N'allez pas croire qu'il s'agit d'un Hunger games à la sauce gauloise, ce n'est pas le cas, même si le résumé peut y faire penser. Ici, pas d'univers plus ou moins étrange, pas de désignation de joueurs, pas de société totalitaire à détruire. Les joueurs sont tous volontaires, ils sont là parce qu'ils l'ont choisi, complètement conscients de ce que cela implique. À savoir qu'au bout du compte il n'en restera qu'un, les autres participants devront mourir pour qu'un gagnant soit désigné.Mais le savoir et le vivre sont deux choses complètement différentes, comme Jonas, le narrateur de cet escape game violent et désespéré, va vite l'apprendre. Pas simple de se débarrasser de toutes ses valeurs morales pour vaincre, au détriment des autres et de leur vie. Dès les premières lignes, on est happé dans un maelstrom d'évènements que nous peinons autant à comprendre que Jonas, ce qui instaure un climat anxiogène et oppressant, qui perdure tout au long du livre. Le style narratif permet d'être en immersion complète, comme si l'on courait aux côtés de Jonas, ressentant ce qu'il ressent. Difficile de poser le livre dans ces conditions ! Outre l'aspect purement "action" de l'intrigue, on trouve en filigrane des interrogations sur le socle moral des individus, sur les raisons qui peuvent le faire fluctuer, ainsi que sur l'accoutumance au pire. Car, dès le début, Guillaume Desgeorge n'est pas tendre avec ses personnages, qui connaissent des morts violentes et révoltantes (heureusement, l'ultime phrase apporte une touche de poésie bienvenue). Pourtant, chacun continue le jeu, malgré la conscience aigue de mal faire. La caution sociale et le succès du jeu suffisent-ils à excuser des actes abominables ? nous interroge l'auteur.Le monde des Runners est le nôtre, aujourd'hui, les références culturelles émaillées dans le récit suffisent à le confirmer. Dans La règle du jeu, on ne peut se rassurer en se disant qu'on est dans un univers imaginaire, qui permet tous les excès. Non, Jonas c'est vous ou moi. Guillaume Desgeorge nous met en garde contre les dérives possibles qui guettent nos sociétés en mal de frissons et d'excitation. Pendant ma lecture, je me suis fait une réflexion mécontente (que je ne dévoilerai pas pour ne pas spoiler) sur un manque crucial. C'était l'unique bémol que je pensais apporter à ma chronique, il me semblait que la crédibilité de l'ensemble en souffrait. Et puis la fin est arrivée, pulvérisant mes réserves, et me montrant que j'avais tort. Je n'en dis pas plus, à vous de vous faire avoir par La règle du jeuLa règle du jeu de Guillaume Desgeorge, chez Livresque éditions, ISBN-13 : 979-1096960972, prix 16,90 €  

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