Raconte-moi Mozart…

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Toujours dans mon exploration de la littérature belge contemporaine, c’est le livre de Thierry-Marie Delaunois, Raconte-moi Mozart… qui est ma dernière lecture. On pourrait penser qu’avec un tel titre on a affaire à une œuvre naïve et légère. Il n’en est rien. Ce livre apporte son lot de drames et au final est une leçon sur la recherche du bonheur.

Les personnages sont originaux et suffisamment différents pour attirer l’attention du lecteur. D’un côté, on a Juliette, une petite fille de sept ans, à l’esprit espiègle, mais bien attentionnée. Elle fait un peu penser au Petit Prince de Saint-Exupéry. De l’autre côté, on a Oscar Larose, septuagénaire qui ne pense qu’à lui, et qui a une attirance pour Charlot au point de se vêtir comme lui et porter le chapeau-boule et la canne. Ce personnage m’a fait penser à monsieur Scrooge tout droit sorti de Charles Dickens. Peut-être que Saint-Exupéry et Dickens sont des références de l’auteur. En tout cas, ses personnages sont suffisamment campés pour amuser les lecteurs lorsqu’ils se rencontrent dans le roman.

Mais que raconte ce livre ? C’est non seulement la rencontre entre deux personnages qui sont diamétralement à l’opposé de leur existence. Pour Juliette, la vie en est à ses débuts, alors que pour Oscar, elle approche de la fin. Ces deux êtres que tout sépare vont être confrontés à une situation dramatique, amenée par la chute d’une météorite dans la région où se passe l’histoire. C’est-à-dire dans la vallée de la Durance dans les Hautes Alpes. C’est l’événement qui permet de découvrir un autre Oscar. Il n’est pas le mauvais bougre égoïste et grognon qu’il donne l’impression d’être. La vie ne lui a pas été favorable et il a gardé une image de lui qui ne correspond pas à sa vraie nature. Et là, l’auteur du livre s’en donne à cœur joie pour montrer aux lecteurs que l’habit ne fait pas le moine et qu’il ne faut pas se fier aux apparences. Oscar ira jusqu’à sacrifier sa vie pour sauver Juliette des flammes. Autour de ces deux personnages principaux, il y a une myriade de seconds rôles qui ont tous des secrets dévoilés au fil du texte.

À chaque page, Thierry-Marie Delaunois nous invite à lire des dialogues percutants, amusants, parfois empreint d’émotions, qui ne laissent pas le lecteur indifférent. C’est écrit dans un style vif et très fluide, avec des jeux de mots. Les pages défilent sans qu’on s’en rende compte.

Pas évident de rentrer pleinement dans l’univers de Thierry-Marie Delaunois. D’abord parce que tout le monde ne partage pas ses goûts pour le classique. Et lorsqu’il fait mention de Mozart ou de Schubert, cela ne m’a pas interpellé. Sans doute qu’un autre lecteur aura la fibre plus classique pour apprécier les références musicales. J’aurais été plus à l’aise s’il avait fait référence à des compositeurs de musique de film comme John Williams, Jerry Goldsmith, John Barry ou James Horner pour n’en citer que quelques-uns.

Si je dois formuler une critique à ce roman, c’est qu’il y a trop de Juliette dans cette histoire. Cela m’a parfois forcé à relire les mêmes paragraphes pour être certain qu’il ne s’agissait pas de la même personne. La première Juliette est la petite fille qui se surnomme Colibri, la seconde est l’ancien amour de monsieur Oscar, et la troisième est l’Africaine qui tient tête à la première pour un pot de confiture (page 69 : Face à face, Colibri et Juliette se dévisagèrent).

Si l’histoire est plus triste, plus sérieuse, plus profonde qu’elle ne le parait, c’est néanmoins une parabole sur la manière de trouver la voie du bonheur. Voie qui peut paraitre compliquée et sinueuse pour certaines personnes. Au final, une belle histoire avec son lot de drames, que le début ne permet pas de deviner. C’était sans doute le but de l’auteur, et c’est réussi. A lire, et un auteur à découvrir qui en est à son cinquième roman.

Raconte-moi Mozart… , Thierry-Marie Delaunois, Edilivre, 2013, 322 pages

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