Heure de l'ange (L')

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Lucky, Toby ou encore Tommy, son nom importe peu. L’important, c’est sa discrétion, son professionnalisme, sa compétence à exécuter froidement les cibles qu’on lui désigne. Après un contrat particulièrement éprouvant, Lucky est abordé par un mystérieux inconnu, un certain Malchiah. Ce Malchiah sait tout de lui, dispose de pouvoirs stupéfiants et prétend être son ange gardien. Il lui offre de racheter ses crimes, en sauvant des vies plutôt que de les prendre et lui propose un bien étrange marché : Lucky se retrouve au Moyen-Age où il doit aider une famille juive accusée de meurtres rituels. Est-ce une chance, un rêve ou un cauchemar ?

Il y a quelques années de cela, les vampires étaient encore les dignes héritiers de Vlad l’Empaleur. Si, si, je vous assure... Ils ne passaient pas leur après-midi à la cafet’ d’un lycée de l’Amérique Profonde pour séduire des adolescentes-mollusques en mal de sensations fortes... Ou leurs soirées au fond des bois à combattre des loups-garous tout droit sortis du « Petit Manuel du Parfait Gay pour Téléfilm de Chaîne Câblée ». Et oui, au passage, merci de m’épargner les courriels incendiaires, je viens bien de dire du mal de Twilight... Ooouhh, le vilain ! Où en étais-je ? Ah oui, des vampires méchants. Des vampires cruels. Des vampires sexy, dépravés et rongés par la culpabilité... Cette engeance qui déboula dans le monde de la littérature de genre à l’aube des années quatre-vingt-dix fut essentiellement le fruit du travail d’une auteure : Anne Rice. Avec son Lestat, rock star d’un nouveau genre, immortel et "sanguignolant", cette native de la Nouvelle Orléans devînt rapidement la nouvelle Reine du fantastique, courtisée par le Tout-Hollywood et portée au pinacle par fans et éditeurs.

Cut. Et bonjour les années 2000. Anne Rice est de retour. Avec les dents pointues ? Que nenni non point, ma bonne dame. Entre temps, alors que la planète s’enflammait tout entière pour le teint pâle et les amourettes vampiriques, Dame Rice a rencontré un autre genre d’immortel. Dieu. Tout simplement. Une révélation qui a totalement bousculé sa carrière d’écrivaine et accouché d’une série de romans consacrée à la vie du Christ... Avant de mener à cette nouvelle série... consacrée à la rédemption d’un personnage de tueur à gages... un récit totalement inintéressant.

Oui, je l’ai dit. Qu’Anne Rice ait vécu une sorte d’épiphanie, cela la regarde. Qu’elle transforme son écriture en une sorte de prêchiprêcha pseudo poétique, tout juste bon à alimenter les colonnes d’un bulletin paroissial, cela devient tout de suite plus gênant. Message asséné à coup d’encensoir, rédemption aux allures de prêche du dimanche et, au final, tension réduite à zéro par un perpétuel besoin de gommer les aspérités du récit, cette heure de l’ange sonne surtout le glas d’une écriture autrefois trempée dans le souffre et le sang. Ici pour le coup, ça respire l’eau bénite, l’encens et la relique poussiéreuse.

Anne Rice, L’Heure de l’ange, Traduction : Pascal Loubet, 272 p., Michel Lafon

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