Heure de l'ange (L')

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Voilà un roman qui ne laissera pas un souvenir impérissable dans la mémoire du lecteur. Qu’il est loin le temps où Anne Rice survolait avec brio l’univers interlope des vampires et des sorcières, nous plongeant au sein d’atmosphères gothiques largement inspirées par la ville qu’elle habitait alors, la Nouvelle-Orléans ! Le moins qu’on puisse dire, c’est que la redécouverte de son héritage catholique n’a pas joué en faveur de la qualité de sa production littéraire. Elle s’embourbe ici en effet dans un récit mièvre, truffé de bonnes intentions, inattaquable quant au message… mais affreusement ennuyeux de bout en bout !

Le personnage central de « L’Heure de l’Ange » est un tueur professionnel, à l’identité fuyante, qui vit une existence gravitant entièrement autour des contrats qu’un mystérieux « Homme Juste » lui communique de temps à autre, à distance, par téléphone. Quant il n’exécute pas froidement les cibles qu’on lui désigne, il joue du luth dans des hôtels de luxe et se morfond dans sa mélancolie abyssale…

Jusqu’au jour où un certain Melchiah lui apparaît. Cet individu diaphane prétend être son ange gardien et lui propose un marché : Dieu est prêt à lui pardonner ses crimes en échange d’un service qu’il lui rendra. D’une mission qui le transportera jusqu’au Moyen Age, à Norwich, en plein milieu d’une communauté prête à passer sa vindicte sur la « juiverie » locale, soupçonnée d’avoir occis une jeune fille.

Il va de soi que notre héros ne laisse pas passer cette chance inouïe de se racheter une conscience. Nous en apprenons davantage au passage sur son passé, sur les raisons qui l’ont amené à jouer ce rôle de tueur sanguinaire, sur ses blessures intimes remontant à une tragédie familiale passablement horrible. Et nous en apprenons également un peu plus au sujet des relations entre Juifs et Chrétiens dans l’Occident médiéval.

Le souci, c’est qu’on ne se sent jamais transporté par ce récit. Que l’auteur veuille transmettre son message de rédemption chrétienne à travers l’histoire emblématique qu’elle nous dépeint, passe encore. Mais qu’elle le fasse avec un aussi criant manque de style, avec un manichéisme aussi binaire, avec un pareil manque de profondeur psychologique ou narratif, et tout le dispositif s’effondre.

Anne Rice s’apprête de surcroît à donner une suite à ce roman, « Le Dybbuk » (le diable en hébreu). Ce deuxième opus devrait cette fois transporter notre gentil tueur en pleine Renaissance italienne. Espérons pour nous que ses aventures se montreront un rien plus palpitantes que celles étalées dans ce premier roman traitant du thème des anges…

Anne Rice, L‘Heure de l‘Ange, traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Pascal Loubet, 267 p., Michel Lafon

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