Quantum of Solace

Vengeance aux deux visages

D’amour et de sang

Après la trahison et la mort de Vesper à la fin de Casino Royale, James Bond n’a plus qu’une idée fixe en tête : retrouver le cerveau qui se cache derrière cette odieuse machination.
En interrogeant Mr White, James Bond et M apprennent que Quantum, l’organisation secrète à laquelle il appartient, est bien plus complexe et dangereuse que tout ce qu’ils avaient bien pu imaginer. En effet, il semble désormais évident que ses membres sont arrivés à infiltrer le MI6. Lors de son enquête, Bond croise la route de la belle et tenace Camille qui cherche, elle, à se venger du sadique Général Medrano, ce dernier ayant massacré toute sa famille sous ses yeux alors qu’elle n’était encore qu’une enfant. Camille conduit Bond sur la piste de Dominic Greene, un célèbre homme d’affaires qui s’avère aussi être l’un des piliers de la mystérieuse organisation secrète.

Défiance

Bond a fort à faire à naviguer en eaux troubles entre les traîtres et les meurtres. Pour arriver à ses fins, il lui faut impérativement garder de l’avance à la fois sur les membres de l’organisation, sur la CIA et même sur M s’il veut arriver à déjouer à temps le sinistre plan de Greene. Toujours sous l’emprise de la douleur d’avoir perdu la femme qu’il aimait d’un amour sincère et de la colère suite à la trahison de cette dernière, Bond est devenu complètement incontrôlable et totalement ingérable pour le MI6 depuis qu’il se comporte comme un électron libre et n’en fait plus qu’à sa tête. Après que M lui ait bloqué l’accès à ses comptes bancaires et averti tous les postes frontières, l’empêchant ainsi de voyager sous sa véritable identité, Bond se voit contraint de demander de l’aide à Mathis.

Règlement de comptes

Cette suite confirme définitivement le virage à 180° pris par la saga des Bond avec Casino Royale. Le changement est radical. La vengeance est clairement ici le thème central de l’intrigue et revêt un double visage : d’un côté, celle de Bond à l’égard de ceux qui ont poussé Vesper à le trahir causant ainsi la mort de la jeune femme et, de l’autre, celle de Camille qui est prête à tout pour tuer le tortionnaire de sa famille. Le célèbre Agent 007 n’a plus aucun fair-play, n’hésitant pas une seule seconde à tuer ses adversaires, et il le fait sans aucun état d’âme même si cela ne se justifie d’ailleurs pas toujours. Il n’est pas là pour remplir une traditionnelle mission au service de sa Majesté, il ne fait ici que mener une vendetta toute personnelle. C’est un loup solitaire meurtri tant dans son âme (avec les trahisons successives dont il a fait l’objet), son cœur (avec la perte de sa bien-aimée) et son corps (qui est couvert de cicatrices en raison des coups qu’il prend lors de ses combats).

Exit donc l’humour british et l’ambiguïté des dialogues qui faisait anciennement le charme et la spécificité de la saga. Exit aussi Q et ses ingénieux gadgets futuristes même si le MI6 est doté d’équipements hi-tech dernier cri pour repérer et suivre n’importe qui, n’importe où dans le monde. Exit également le tombeur de ces dames, Bond souffre toujours de la mort de la femme qu’il aimait, il n’a donc pas le cœur à la bagatelle. Idem en ce qui concerne le personnage de l’incontournable “méchant” qui n’est ici ni un savant fou, ni un mégalo rêvant de dominer le Monde. Il s’agit maintenant d’un business man qui, sous couvert de son association écologique baptisée “Green Planet”, veut installer un dictateur à la tête d’un pays d’Amérique latine tout en gardant pour lui le contrôle ainsi que les revenus de la plus précieuse des ressources naturelles.
Aux yeux du monde, il apparaît comme étant un philanthrope d’un tempérament réservé et discret alors, qu’en réalité, c’est un homme impitoyable et très intelligent qui manipule les autres, y compris la CIA, pour s’enrichir un maximum. Pour cela, il n’hésite pas à faire éliminer tous ceux qui se mettent en travers de son chemin.

Avec un budget faramineux de 230 M$, Marc Forster nous offre un maximum d’action se déroulant dans des lieux très diversifiés (le tournage ayant eu lieu dans six pays différents : Angleterre, Autriche, Chili, Italie, Mexique et Panama) avec très peu de temps mort. On assiste donc à une débauche de courses-poursuites (à pied, en voiture, à moto, en bateau, en avion) avec d’incroyables cascades et une kyrielle d’explosions. Avec une mise en scène très proche de celle de Paul Greengrass (la course-poursuite en voiture qui sert de prologue ou encore celle à pied sur les toits des maisons avec la chute au travers de la fenêtre dans l’immeuble d’en face, …) ainsi qu’un scénario nettement plus ancré dans le monde réel et plus en phase avec l’actualité que les autres films de la saga, dont le thème central est la vengeance du héros à l’égard de ceux qui ont tué la femme qu’il aime, ce nouveau Bond, très brut de décoffrage, ressemble de plus en plus à un opus de la trilogie consacrée à Jason Bourne.

Quantum Of Solace

Réalisation : Marc Forster

Avec : Daniel Craig, Olga Kurylenko, Mathieu Amalric, Judi Dench, Giancarlo Giannini, Gemma Arterton, Jeffrey Wright, Jesper Christensen, Anatole Taubman

Sortie le 31 octobre 2008

Durée : 1 h 47

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