Quality Land
Dystopie sur le thème d’un monde totalement géré par les algorithmes capitalistes, ce roman mêle les mésaventures de l’anti-héros de service, Peter Chômeur (le nom propre étant, à jamais, la profession du père pour un garçon, de la mère pour une fille), qui fait partie du lumpenprolétariat de cette société, ceux qui ont moins de dix points d’appréciation sociale. Lequel va commencer à se révolter le jour où il reçoit, par livraison automatique, un article dont il ne veut pas. Parce que le renvoi des articles non désirés n’est pas accepté, dans cette société où la réponse OK est la seule autorisée par les algorithmes.
Malgré tout, les mésaventures de Peter ne rempliraient pas un long roman. Aussi l’auteur a-t-il rajouté, entre les chapitres, de longs textes publicitaires. Sur le modèle des débuts de chapitre des Space merchants (en français Planète à gogos) de Pohl et Kornbluth. Mais, de l’avis d’un lecteur qui connaît le roman original que Marc-Uwe Kling a mis à jour en intégrant les « progrès » du capitalisme et de la publicité, il n’aurait pas dû dépasser une certaine quantité.
Dans ce roman, il y a tellement d’intercalaires qu’ils pourraient, à eux seuls, constituer un roman satirique complet. Et que, en fin de compte, ils coupent le suivi des mésaventures.
L’impression finale reste celle de l’affadissement du récit par trop de digressions. Peut-être cette impression est-elle moindre chez qui découvre le sujet sans lecture préalable des œuvres antérieures...
Quality Land, de Marc-Uwe Kling, traduit par Juliette Aubert-Affholder, Babel n° 1848, 2022, 375 p., 8€90, ISBN 978-2-330-17104-9