Poids du cœur (Le)

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J’ai lu ce roman avant celui qui le précède, ce qui a donné lieu dans la première version de cette recension à certaines remarques impropres pour qui la lirait, comme il convient de le faire pour mieux apprécier d’une part la construction de la description de cet univers, d’autre part l’évolution de pensées de l’héroïne. Disons que la lecture dans l’ordre inversé risque, à tout le moins, d’empêcher la meilleure appréciation possible.

 

Bien que Rosa Montero soit un auteur déjà assez largement traduit en France (apparemment seulement chez Métallié, il est vrai), et que certaines de ses œuvres appartiennent à la CF (ciencia-ficción), dont au moins Des larmes sous la pluie, première aventure de la réplicante Bruna Husky, je ne l’avais pas encore lue. Je découvre donc avec ce livre un univers futur assez largement construit, dans lequel les humains ont développé des androïdes, désignés péjorativement sous le nom de réplicants. Après une guerre contre les humains, les dits androïdes ont obtenu un certain nombre de droits, mais restent soumis à une « obsolescence programmée », une maladie cancéreuse qui les tue à leur dixième anniversaire. Leur programmation leur interdit de se suicider, et devrait même leur ôter le souci lié à cette condamnation originelle. Après avoir servi deux ans l’entreprise pour laquelle ils ont été créés, les androïdes sont libérés et doivent se trouver un travail dans la société. Ainsi Bruna Husky, créée comme soldat et, de ce fait, dotée de capacités physiques étendues, s’est-elle spécialisée dans le travail de détective. Mais, contrairement à ses frères et sœurs, elle est obsédée par la brièveté de sa propre vie. Or voici que, en marge de sa nouvelle enquête, elle se trouve amenée à prendre en charge une enfant russe qui a été irradiée et risque donc de mourir encore plus vite qu’elle. Et cette enquête va aussi lui faire découvrir des zones qui ont été rayées de la carte et une guerre dont personne ne parle...

 

Tout en construisant avec talent un thriller écologico-politique dans ce futur assez noir, Rosa Montero insiste sur l’urgence de vivre, et d’aimer, surtout quand, comme Bruna, on sait trop combien la vie est limitée.

 

Contrairement au premier volume dans lequel, parce que leur lecture intervient dans l’action d’un personnage, les notes historiques avaient été progressivement intégrées à l’action, sauf pour les explications concernant le satellite que Bruna va visiter (et que, normalement, elle devrait déjà connaître ce qui rend les discussions avec son guide incohérentes avec ces souvenirs qu’elle devrait avoir), l’auteur a renvoyé en appendice documentaire la description détaillée de ce futur et de l’histoire qui le sous-tend. Et ce futur est parfaitement envisageable, et n’est pas le pire possible. Les explications de ces appendices dépassent d’ailleurs le strict nécessaire pour les romans parus et serviront peut-être à des suites. Si Bruna vit encore assez longtemps...

 

Le poids du cœur, de Rosa Montero, traduit par Myriam Chirousse, Métallié, 2016. 357 p., 22€, ISBN 979-10-226-0417-8

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