Plaie (Le)

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Je n’avais pas relu ce titre depuis au moins 50 ans : il m’avait moins passionné que d’autres œuvres de son auteur, dont j’avais gardé un meilleur souvenir. Bien sûr on y retrouve la vision baroque (au sens artistique du terme) de Nathalie Henneberg, mais, même si elle se veut cosmique, la largeur du cadre rend plus apparents certains défauts : termes employés à contre-sens, en particulier années-lumière utilisées pour le temps et parsecs de taille variable ; certaines fautes de français excusables pour l’auteur, mais indiquant une insuffisance de correction éditoriale depuis la première parution du livre ; et l’évocation répétée (il ne manque que les « authentique » déposés par Guieu) de toutes les légendes et traditions religieuses comme des indices de l’existence d’une part d’une possession venue d’outre-espace et, aussi, d’outre-temps qui serait la source de tous les maux de l’humanité, de toutes les barbaries, d’autre part d’une tentative de riposte de la Nature par l’apparition de mutants, trop rares et trop isolés, même si ailleurs est évoquée la possibilité chez tous de pouvoirs inutilisés.

 

Nathalie Henneberg évoque Jésus et quelques autres personnages historiques comme des mutants, se réfère aux anges, démons et autres légendes comme à des espèces existant dans l’univers qui auraient fait des apparitions sur Terre, comme si la Terre, où sévit cette Plaie, ou Ténèbre, la possession par des entités maléfiques et cruelles, jouait un rôle central dans l’univers.

 

Raconté de façon multiple à travers les histoires de plusieurs personnages, essentiellement Airth Reg, survivant d’un planétoïde détruit par les possédés de la Ténèbre, mutant disposant sans le savoir du pouvoir de remonter le temps et changer l’univers, Thalestra, Villys, deux mutantes dont les sentiments pour les différents héros masculins vont ponctuer l’histoire, Ralph Valeran, prince de la famille de l’empereur d’Eurafrique qui semble osciller entre le bien et le mal pour, finalement, choisir le second, ce récit reste un conte baroque et merveilleux. À mon avis pas le meilleur de Henneberg, mais néanmoins le plus important, par l’ampleur de son action et par la place qu’il occupe dans l’histoire de la SF française, un titre qu’il faut donc lire ou relire.

 

J’espère que L’Atalante republiera en poche la prolongation, passée elle presque inaperçue tant lors de sa parution chez Albin Michel que lors de sa réédition à L’Atalante, Le Dieu cosmique. Et je ne saurais trop vous inviter à découvrir, comme je compte le faire bientôt, le roman que vient de publier Sombres Rets, Demain le Ciel, ultime texte inédit de Nathalie Henneberg.

 

La plaie, de Nathalie Henneberg, L’Atalante poche, 2017, 505 p., 10€, ISBN 978-2-84172-830-5

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