Pirates des Caraïbes 2, les effets spéciaux
Larguez les amarres
L’île aux pirates
Le tournage de ce 2è volet s’est, en partie, déroulé en extérieurs dans des endroits paradisiaques (à Saint-Vincent et aux îles Grenadines, aux Bahamas ainsi qu’à la Dominique) où on trouve de sublimes plages de sable blanc et des eaux de couleur d’aigue-marine. Les extérieurs de Port Royal et de Tortuga ont été tournés aux Caraïbes tandis que c’est à la Dominique qu’ont été installés les deux décors majeurs du film : l’île des cannibales et Isla Cruces où une grande partie des séquences d’action se déroule.
C’est dans les Studios de Burbank qu’a été reconstitué le carré du Black Pearl ainsi que l’intérieur de la prison de Port Royal. C’est sur un autre plateau, mesurant 75 m de long et 40 m de large, qu’a été construit l’immense décor de la Pantano River : une rivière marécageuse, située en plein bayou, avec sa végétation envahissante et ses appentis branlants ainsi que l’arbre au sommet duquel se trouve la cabane de Tia Delma, la prêtresse vaudoue. En revanche, c’est aux Studios Universal que fut construit l’ensemble des ruelles de Port Royal et de Tortuga avec la taverne où se déclenche une bagarre généralisée.
Le tournage simultané des épisodes 2 et 3 (histoire de diminuer les faramineux coûts de production et de profiter de la disponibilité des acteurs récurrents) a nécessité la création de plus de 8.000 costumes et accessoires ainsi que la fabrication de 300 épées. Rien que le 2è volet comporte 979 plans d’effets spéciaux.
A l’abordage
Une partie de l’action se déroule en pleine mer à bord, soit du Black Pearl (qui a été entièrement redessiné et reconstruit pour l’occasion), soit du terrifiant Hollandais Volant ou encore de l’Edinburgh Trader, un élégant navire marchand britannique du XVIIIè siècle.
Pour ce 2è volet, le nouveau Black Pearl a été construit autour d’un bateau déjà existant de 33 m de long. Son mât, grandeur nature, ne mesurait que 12 m de haut mais sa hauteur a été accrue, par la suite, par l’intermédiaire des images de synthèse. En outre, pour les séquences où figurent ses canons et sa cale, ceux-ci ont été construits dans les Studios Disney à Burbank, le décor ayant été monté sur un plateau mû par 4 vérins hydrauliques imitant les mouvements de tangage et de roulis de la mer. C’est également là qu’ont été construites les cabines des capitaines du Black Pearl et de l’Edinburgh Trader.
L’impressionnant et fantomatique Hollandais Volant mesurait 50 m de long et faisait 420 tonnes de force nautique. Son pont de bois pourri est incrusté de bernaches, de moules, de coquillages et de toutes sortes de débris glanés sur tous les océans. Une effrayante figure squelettique aux allures de saurien orne son mât de misaine et ses voiles sont en lambeaux. Il dispose de 36 canons, couverts de coquillages le long de la coque, et 2 autres canons surpuissants émergent de sa proue. Les plans, où il navigue sous l’eau comme un sous-marin et émerge ensuite à la surface dans une gigantesque gerbe d’eau, ont été réalisés grâce à l’utilisation de nouveaux logiciels de dynamique des fluides mis au point par ILM.
=Haute voltige
L’un des morceaux de bravoure du film est l’époustouflant combat à l’épée à trois (entre Jack Sparrow, Will Turner et James Norrington) qui se déroule en équilibre au sommet d’une gigantesque roue d’un moulin à aube en mouvement. Cette roue était faite d’acier et de plusieurs couches de matériaux. Elle pesait plus de 820 kg pour un diamètre de 5,50 m. Deux versions ont été construites : la 1e était montée sur une remorque à roues, comportant des plates-formes caméra, puis tirée par des câbles grâce à un système de treuil tandis que la 2e, baptisée “le rouleau à peinture”, était fixée à des barres de remorquage et littéralement tractée par un camion à plateau qui pouvait aussi servir de plate-forme caméra. Afin de permettre à la roue de tourner plus facilement, il a carrément fallu tracer des chemins dans la jungle. Au moment du tournage de cette scène, les acteurs ont passé plusieurs jours attachés à des baudriers à combattre dans tous les sens pendant que la roue tournait sur elle-même. A certains moments, les cadreurs, eux-mêmes, étaient également sanglés à l’intérieur de la roue, leur permettant ainsi de faire effectuer des 360° aux caméras. Par la suite, en post-production, la scène a été complétée avec des images de synthèse.
La grande bouffe
L’épisode le plus burlesque de ce 2e volet se déroule dans le village des Pelegostos et ses alentours. Les huttes de cette tribu de sauvages, s’adonnant au cannibalisme avec délectation, sont éparpillées au sommet de plusieurs pitons rocheux, reliés entre eux par des ponts de lianes. Les huttes ont la forme de crânes avec des trous symbolisant les yeux et la bouche. C’est là que Jack et ses hommes vont se retrouver victimes d’un incroyable enchaînement de circonstances.
Will Turner et une partie de l’équipage du Black Pearl sont détenus prisonniers dans de grandes cages circulaires, semblant avoir été assemblées avec des os humains (mais, en réalité, construites avec du latex et de la mousse). Ces cages sont suspendues dans le vide mais vont finir par dévaler des pentes en roulant sur elles-mêmes puis basculer dans un ravin avant de rebondir comme une balle d’une paroi à l’autre de falaises abruptes. Pour aboutir au résultat final, il a fallu construire 2 versions de la cage : une en mousse légère afin que les acteurs puissent courir avec et, une autre, avec des matériaux plus solides afin qu’elle puisse rouler.
De son côté, Jack est vénéré comme un Dieu par les indigènes qui s’apprêtent toutefois à le déguster pour acquérir les pouvoirs magiques qu’ils lui prêtent. Profitant d’un moment d’inadvertance de leur part, Jack entame alors une course éperdue pour tenter de leur échapper. Pourchassé par une horde de 200 Pelegostos, il fait une incroyable chute de 90 m au travers de 3 ponts suspendus, alors qu’il est toujours ligoté à un poteau.
Les âmes perdues
Le capitaine Davy Jones est un être hybride qui vit au fond des océans et n’a presque plus rien d’humain. Son visage est celui d’une pieuvre dont les innombrables tentacules ondulent comme une barbe vivante et il est doté d’une énorme pince de crabe en guise de main. Son équipage est entièrement composé de matelots morts noyés ayant passé un pacte avec lui et qui sont devenus, à la suite de cela, des monstres dont la chair décomposée s’est étroitement mélangée aux éléments issus de leurs navires et de l’océan qui les a engloutis. C’est ainsi que, par exemple, l’un des matelot a une tête de coquillage tandis qu’un autre a une tête de requin-marteau. A bord de leur vaisseau fantôme, le mythique Hollandais Volant, ils écument les océans à la recherche de nouvelles âmes perdues à enrôler à leur côté pour l’éternité.
Bill Nighy, qui interprète l’impitoyable Davy Jones, a tout d’abord été entièrement scanné. Au moment du tournage, il portait une combinaison grise agrémentée de points de référence, faits de bulles blanches ainsi que de rayures noires et blanches, ce qui permettait ainsi d’enregistrer sa prestation d’acteur dans les moindres détails grâce à un nouveau système qui permet d’obtenir un enregistrement similaire à celui de la motion capture traditionnelle mais ne nécessite désormais plus qu’une simple triangulation, en rajoutant seulement 2 caméras-témoins sur le plateau. Par la suite, ces divers capteurs et marques de référence ont permis aux informaticiens d’ILM d’enrichir numériquement le personnage par l’intermédiaire d’un logiciel spécifique qui plaçait, en quelque sorte, les personnages 3D devant les acteurs. Tout au long du film, Bootstrap Bill, le père de Will, se transforme peu à peu en créature marine. En réalité, c’est le seul marin, frappé par la malédiction de Jones, à avoir été représenté avec du maquillage, le visage de tous autres membres de l’équipage du Hollandais Volant ayant été entièrement généré en 3D.
Par ailleurs, les équipes chargées du maquillage se sont également occupées de la dentition des autres pirates qui a été savamment gâtée à l’aide de peintures et de prothèses spéciales.
Créature féroce
Les impressionnantes attaques du Kraken, une espèce de calamar géant, sur le Black Pearl et l’Edinburgh Trader sont le résultat d’un mélange d’effets 3D et d’animation qui ont été rajoutés sur des effets de destruction réalisés, quant à eux, en prises de vue réelles.
Pendant le tournage, l’équipe des effets spéciaux a simulé les différents dégâts causés par la créature marine : ils ont pulvérisé des barques, fendu le pont d’un bateau par l’intermédiaire de câbles métalliques ancrés sous l’eau, fait jaillir d’énormes gerbes d’eau ou encore projetés dans les airs toutes sortes de débris de bois. De son côté, le coordinateur des cascades et son équipe ont conçu de nombreux mécanismes permettant de simuler la manière dont les pirates étaient frappés ou projetés dans les airs par le monstre marin. C’est ainsi que des cascadeurs, attachés à des câbles, ont été soulevés du pont comme s’ils avaient été empoignés par les énormes tentacules. Tous ces effets cumulés ont permis de simuler la présence du monstre marin. Par la suite, il a encore fallu insérer les tentacules 3D dans ces images tout en faisant en sorte que leurs interactions soient crédibles.
Critique du film Ici
Josèphe Ghenzer