Petit Lebanski (Le)

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Victor Lebanski est un gars tout petit. Vraiment. Il culmine à 1m47. Mais n'allez surtout pas lui dire qu'il est nain, malheureux !

D'ailleurs, c'est comme ça que commence ce chouette roman complètement déjanté : un type a le malheur de lui balancer le mot honnis et il prend cher. Le pétage de plombs de Victor enclenche une suite d'événements tout aussi loufoques et improbables les uns que les autres, où il se retrouve entouré d'une galerie de personnages délirants. Une quête forcée dans un Paris tendre et aux allures de village, à la recherche d'un musicien un peu spécial.

Qu'il s'agisse de Farid, l'Arabe aux petits boulots bizarres, de Milos le serveur/acteur X, de Ragnar, l'Islandais reconverti dans les assassinats commandités etc., tous prennent vie sous la plume de Stéphane Chamak avec une vigueur inattendue. Une des forces du Petit Lebanski réside dans la faculté de l'auteur à créer des personnages savoureux, définis à merveille en quelques mots bien sentis. Il se contrefiche du politiquement correct, pour notre plus grand bonheur, nous offrant éclats de rire et gloussements à gogo. Même les simples figurants sont brossés au vitriol :

Jacky avait perdu son taxi parce qu'il buvait trop. Maintenant il était chauffeur de car scolaire.

Stéphane Chamak n'a pas besoin de s'étendre pour ouvrir tout un monde dans l'esprit de ses lecteurs. Son écriture précise et incisive suffit.  Je regrette juste son abandon presque systématique du "ne", qui ne se justifie pas partout.

De temps en temps, il se permet quelques envolées presque lyriques, qu'il contrebalance presque aussitôt par une nouvelle pointe d'humour. Comme s'il refusait d'être pris au sérieux et considérait son roman comme une simple blague potache (La lumière orangée de l'aube comme de la poudre de Tang versée sur l'horizon).

Il faut dire qu'entre le premier degré, l'humour noir, l'ironie et le caustique, le lecteur a fort à faire pour maîtriser ses sphincters tout au long de sa lecture et décrisper ses mâchoires figées dans un sourire perpétuel. Le petit Lebanski est à la jonction entre le polar à l'ancienne et San-Antonio.

Pourtant, il s'agit aussi, en filigrane, d'une belle histoire de pardon et de rédemption entre un père et son fils, avec des passages dont l'émotion affleure et se fraye un chemin jusqu'au coeur. Ce qui, dans un roman aussi loufoque, n'est pas aussi facile que ça en a l'air.

Si vous aimez les romans qui vous donnent le smile, très humains et sans prétention, alors Le petit Lebanski est fait pour vous !

Comme il s'agit d'un roman auto-édité, il manque peut-être encore un peu de "polissage" éditorial, mais n'a pas à rougir : la qualité est au rendez-vous.

 

Le petit Lebanski de Stéphane Chamak, auto-édité, ASIN B07D451T13, prix 3,99 € (version papier disponible auprès de l'auteur)

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