Passagers (Les)

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L'Angleterre, demain, ou peut-être après-demain.Les voitures sans conducteur sont devenues obligatoires. "Un réel progrès pour la sécurité de tous", se dit-on. Mais quand un hacker prend le contrôle de huit véhicules, le progrès devient une menace. Mortelle. Les huit véhicules et leurs passagers sont programmés pour rouler vers une collision aussi spectaculaire que fatale. Impossible, pour les autorités, d'intervenir : les voitures exploseraient. Tous vont mourir. Tous, sauf celui ou celle que le public décidera de sauver via les réseaux sociaux. Chaque passager doit plaider sa cause pour influencer les votes, en se présentant sous son meilleur jour.Mais le hacker connaît aussi leurs secrets les plus sombres...

ET VOUS, QUI SAUVERIEZ-VOUS ?

 

Si je n'avais qu'un mot à dire concernant ce bouquin, je dirais "WOW" !!!

J'avais vu passer des retours, tous positifs, voire dithyrambiques, il m'avait aussi été recommandé par des chroniqueuses que j'apprécie, alors, à l'occasion de sa sortie en poche chez Hugo – et j'en profite pour les remercier chaudement pour cet envoi – je me suis ruée dessus. Le risque était que j'en attende beaucoup trop. Il y a un an tout pile, j'avais lu Parti en fumée, que j'avais déjà beaucoup aimé, mais là, rien à voir, j'ai carrément A-DO-RÉ !

Les passagers est un roman noir à tendance thriller qui s'apparente à un roman d'anticipation dans ce sens où il se déroule dans un futur indéterminé mais proche. Un futur où les véhicules autonomes, qui existent déjà à l'heure actuelle, deviennent la norme. Un avenir soumis au culte de l'image et des apparences et où tout un chacun se sent important, influenceur, voire décisionnaire grâce aux réseaux sociaux. Le jeu mortel, façon jeu de téléréalité interactif, dans lequel nous entraîne le hacker et à travers lui l'auteur, met en valeur une analyse au vitriol de la société moderne et touche à de nombreux thèmes : les dangers non maîtrisés de l'intelligence artificielle bien sûr mais aussi les manœuvres politiques, le racisme, la pédophilie, le voyeurisme, pour ne citer qu'eux. Les instincts les plus bas de l'Homme ressortent encore plus dès lors qu'il est caché derrière un écran, et pour peu qu'on lui donne le droit de voter, de sauver ou au contraire de condamner, il saute sur l'opportunité sans se poser de questions, comme s'il regardait un film ou jouait à un jeu vidéo, et perd vite toute humanité.

La construction en chapitres dédiés aux différents protagonistes nous permet, au fur et à mesure de l'histoire, de cerner leur personnalité, de connaître leur vie, on découvre leurs forces et leurs failles mais aussi leurs secrets et les squelettes de leurs placards. La dualité est toujours présente cependant – hormis peut-être en ce qui concerne le ministre, gratiné celui-là – de manière à nous rappeler que tout n'est jamais tout blanc ou tout noir, qu'il n'y a pas qu'un seul son de cloche et qu'on doit éviter de se fier aux apparences et de se hâter de porter des jugements.

À peu près à la moitié du roman, j'ai eu l'impression que j'avais tout compris et je me suis demandé comment l'auteur allait poursuivre et garder l'intérêt jusqu'au bout. Eh bien, en fait, à partir de là, tout repart sur les chapeaux de roue et s'emballe. Chaque chapitre nous réserve un rebondissement ou une révélation inattendue. La première, celle de la p. 247 m'a fait carrément crier de surprise et hurler de rire (comprenez un rire d'étonnement et de joie) ! Le rythme devient alors effréné, la tension permanente, le suspense confère à l'insoutenable et John Marrs arrive à produire ce qu'on appelle communément un véritable page-turner.

En résumé, c'est un roman passionnant et bien écrit, sur les dérives et les dangers possibles liées à notre société ultra-connectée, à l'intelligence artificielle, aux réseaux sociaux et à la téléréalité, avec beaucoup de recherches, une intrigue originale, des scènes-choc, un suspense de malade et une fin à la hauteur ! Nul doute qu'on pourrait en adapter un excellent film, voire une série, comme cela a été fait pour  Âmes sœurs. Âmes sœurs, qu'il va sans dire, j'ai acheté dans la foulée !

Parue sur Beltane (lit en) secret 

Les passagers, John Marrs, chez Hugo poche, 8.50 €

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