Rédemption du marchand de sable (La)

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Tom Piccirilli, je suis sous le charme de ses ombres poétiques depuis la lecture de "Un choeur d’enfants maudits" qu’on trouve maintenant en livre de poche (Folio Sf). Avec déjà plus d’une vingtaine de romans à son actif, j’attendais d’autres mots à dévorer...

D’autres mots pour être dévorée aussi, car Tom Piccirilli est comme un ogre qui vous envahit d’images d’un poésie délirante.

Là, avec cette histoire de tueur en série qui se repentit et cherche à se faire pardonner en offrant d’autres enfants qu’il enlève, aux parents de ceux qu’il a assassinés.

Déjà, la démarche du tueur en série n’est pas ordinaire.

Mais il y a ce père qui en refusant ce cadeau morbide d’un autre enfant, a fini par attirer l’attention du tueur sur lui.

Une attention qui se manifeste par des courriers échangés. D’où l’intérêt des policiers et leur soupçon quant aux intentions du père.

Eddye Whitt dont la vie a explosé en éclats de souffrances ne survit que pour cette quête.

Le tueur, lui, cherche le pardon en enlevant toujours plus d’enfants pour des restitutions qui sont vouées à l’échec. Il enlève des enfants qu’il estime maltraités pour consoler les parents qu’il a plongés dans le deuil.

5 ans de provocations, de rendez-vous manqués, de lettres échangées, cinq ans pour décliner le malheur toujours plus profondément.

Killjoy s’exprime dans un fatras poétique et sordide, une philosophie déjantée qui prend sa source dans sa propre enfance.
Eddie Whitt le suit pas à pas mais sa quête reste infructueuse. Toujours un peu en avance, toujours un peu en retard, il s’épuise et s’enrage de tous ces rendez vous manqués avec l’horreur.

Une horreur qui envenime sa vie goutte à goutte d’un venin sordide.

Peu à peu, au fil des pages, l’humain se dévoile en ombres et grisailles. En éclats de rire dissonants aussi.

Entre le grand-père qui croit tout régler avec son carnet de chèque, sa femme perdue dans la folie réelle de l’hôpital psychiatrique (elle semble parfois la plus raisonnable des deux) et un policier qui ne comprend pas qu’on puisse avoir de l’empathie pour le tueur, Eddie Whitt doute parfois mais maintient le cap.
Parfois, l’écriture éveille un sourire doux-amer. Un éclat de rire même.
Tom Piccirilli grossit le trait peut être pour nous dire que ça n’est pas la vraie vie. Mais la douleur des parents le coeur béant reste comme une grande ombre dans un théâtre où le rire est comme un coup de tonnerre.

Que dire de plus ?
Comme toujours avec Piccirilli, la lecture est ébouriffante. Un tantinet moins "rock-poétique" que dans "Le choeur des enfants maudits". Mais on n’en sort pas indemne.

Bousculée, mise au tapis par le chaos des mots, le ko des maux, embrumée de tendresse, on sort de ce livre comme d’une essoreuse.
Enfin j’imagine.
Du coup, je suis toujours dans l’attente d’une autre traduction.
Je remercie d’ailleurs vivment Michelle Charrier pour celle-ci.

Et pour être certaine d’avoir d’autres surprises un jour, je suis allée voir sur le site de Tom Piccirilli : http://www.tompiccirilli.com/
Et je n’ai qu’un regret que ma lecture de l’anglais soit aussi déficiente.

Tom PICCIRILLI, La Rédemption du Marchand de sable, traduction de Michelle CHARRIER, illustration de LASTH, DENOËL

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