Parias d'Engelar (Les)

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Voici un roman qui reprend un thème tout à fait classique : l’humanité enfermée dans un dernier refuge après une catastrophe (ici une maladie) et les responsables du refuge (la cité d’Engelar) veulent cacher le fait que la vie est redevenue possible hors de la cité. Mais un explorateur rentre et certains dissidents vont essayer de faire connaître la vérité.

La question qui se pose est double :

De nouveaux écrivains peuvent-ils reprendre et mettre (légèrement) à jour un tel thème ou doit-on exiger des lecteurs qu’ils se réfèrent aux classiques (La cité et les astres ou La vérité avant-dernière, entre autres), même si ces romans un peu anciens se démodent ?

Doit-on exiger des dits nouveaux écrivains qu’ils créent du tout à fait nouveau ou, s’ils reprennent un thème déjà utilisé, qu’ils lui apportent un traitement tout à fait nouveau, qui complète le « paratexte » existant ? Ou peut-on leur permettre de créer de nouvelles portes d’entrée au Temple de la SF, en restant au niveau du lecteur débutant ?

Ce n’est pas un problème de « plagiat ». C’est d’une part, le problème des attentes des lecteurs pour des livres adaptés à eux, qui ne leur demandent ni d’aller chercher des livres anciens, ni de connaître déjà toutes les références. Et c’est d’autre part, la question du droit des nouveaux auteurs à ne pas maîtriser les dites références. À mon avis, la réponse est : ce livre a sa place dans une collection de SF et dans la bibliothèque de lecteurs non exigeants d’originalité et de nouveauté totale.

De toute manière on a écrit qu’il n’existait pas de livres nouveaux. C’est exagéré, bien sûr. Mais la base des romans de science-fiction reste limitée, même si elle s’élargit un peu avec de nouveaux sujets ou des visions différentes de sujets anciens. Donc que le thème du roman soit classique et le traitement sans nouveauté flagrante n’en interdira la lecture qu’aux vieux lecteurs qui ont un savoir encyclopédique et qui, point par point, retrouveront dans l’œuvre d’Aurore Perrault des souvenirs anciens (du lecteur en question). Pour un lecteur nouveau, ce roman peut-être une introduction correcte à son thème : classique et sans surprise pour l’habitué, mais assez soignée, sauf en ce qui concerne la fin, qui ne me paraît pas suffisamment préparée [/gachâge] dans la situation de monopole informationnel des prêtres, qu’une part importante de la population se rallie à la vérité soudain révélée aurait, à mon avis, demandé une préparation suffisante, par une campagne de rumeurs [/fin du spoiler].

Un autre petit défaut du livre ou plutôt du dessin de couverture : le texte nous décrit Engelar comme une ville bâtie sur un schéma de cercles et de tours cylindriques, le dessin ne comporte que des lignes droites. J’ai réagi quand je suis arrivé avec l’explorateur en vue d’Engelar et j’ai regardé le dessin de couverture avec déception. Je ne sais pas si d’autres lecteurs réagiront. Bien sûr ce n’est qu’en lisant le livre qu’on peut être choqué, l’erreur du dessin n’empêchera pas l’achat... et ne devrait pas influer sur l’impression finale.

Même s’il ne fera pas date comme un nouveau sommet de la SF, ce roman constitue un bon démarrage pour son auteur et aussi une lecture intéressante pour ceux qui n’ont pas encore lu ses prédécesseurs.

Les parias d’Engelar, par Aurore Perrault, Midgard, 2013, 234 p., couverture de Georges Clarenko, 13€, ISBN 978-2-36599-042-4

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