Outrage

Je m'attaque aujourd'hui à un gros morceau, un roman qui s'est fait connaître via un buzz assez négatif et qui a ainsi titillé mon intérêt. Je ne vais pas mentir : je n'ai réellement pas adhéré. Maintenant, je ne souhaite pas être méchante, et je tiens à préciser que toutes les remarques négatives qui suivent proviennent d'un avis personnel et ne remettent certainement pas en cause le respect que j'ai envers l'auteure et le travail qu'elle a fourni pour écrire cette oeuvre.

Rose est une femme libre, indépendante, torturée, traumatisée, elle s’est construit une carapace de survie.

Elle fuit l’amour par peur de l’attachement. Elle est perverse, passionnée, cyclique, addict au sexe et à l’alcool mondain. Mais ce soir-là, dans un bar, elle tombe amoureuse d’un être qui lui ressemble, peut être un peu trop. Tout en lui la repousse et pourtant… Lui, c’est Alex, un artiste paumé, un je-m’en-foutiste tout aussi névrosé qu’elle.

Rose va vivre cette passion destructrice où Alex la guide, la commande, la déconstruit, la fabrique, la façonne… Rose n’écoute pas la bête qui rugit en elle et qui lui dit  "fuis" . Son corps, son sexe deviennent chaque jour plus douloureux, mais elle tient, par amour pour cet homme qui la dévore chaque jour un peu plus…

Puis vient la douleur du déchirement. Alors, elle va essayer de noyer ses maux dans la seule addiction qui lui permet d’échapper à la douleur : le sexe.

Cet écrit traite de sujets sensiblement tabous, tels que l'inceste, la pédophilie, mais aussi des pratiques communes et plus au moins acceptées comme le libertinage, la scatophilie et le sadomasochisme. J'ai d'abord entendu beaucoup de personnes choquées, n'ayant pas été totalement averties du contenu de Outrage. C'est surtout ce manque d'informations du résumé qui m'est arrivé à l'oreille, je n'avais jamais encore entendu parler de l'écriture, des personnages ou quoi que ce soit d'autre. Et, pour moi, un live tabou peut tout à fait être intéressant à partir du moment où il est bien géré, où psychologie se mêle à situations extrêmes mais réalistes. J'ai donc voulu laisser une chance à ce roman, curieuse, faisant abstraction des critiques qui n'avaient alors pour moi aucun sens dès lors que mon propre avis n'était pas formé.

Malheureusement, j'ai vite regretté ma curiosité ; je m'explique.

Pour moi, Outrage est un roman qui se veut choc, mais pour cela il aurait fallu qu'un certain réalisme me parvienne. Or sont surtout ressorties une vulgarité flagrante et une répétition abjecte. Je n'ai pas retrouvé une certaine prise de conscience sur les phénomènes de la société liés au sexe, qu'ils soient légaux ou non, ni même un plaisir de lecture. Pas même un fil conducteur.

En réalité, les chapitres défilent, et malgré le fait que la vie de notre protagoniste principale se base sur le sexe, toutes les lignes, les mots, se ressemblent et chaque action se répète, sans cesse. Les mêmes ressentis, les mêmes émotions, les mêmes questionnements ; je n'en pouvais plus de parcourir l'esprit de ce personnage sous toutes les coutures, alors que ses questions restaient relativement basiques et semblables. L'intrigue en elle-même aurait pu se résumer en une dizaine de pages, presque, bien qu'avec une bonne psychologie cela aurait pu être intéressant et plus développé. Malheureusement, même si les actes étaient plus ou moins vraisemblables, chacun indépendamment des autres, ils n'en restaient pas moins presque incompatibles dans l'ensemble.

L'écriture se veut crue, pour accompagner une histoire « crue » elle aussi, pourtant je l'ai trouvée banale, simple, retrouvant des impolitesses avec la sensation qu'elles aient été mises là juste histoire de dire que. Les personnages secondaires eux aussi m'ont paru plats, revus et tellement prévisibles. Je savais ce qu'il allait se passer avant même d'avoir commencé le paragraphe.

Vraiment, pour moi ce livre est une "intention de", mais jamais il n'est arrivé à son but. De mon point de vue, c'est complètement raté même si cette intention aurait pu être bonne.

Je suis encore une fois navrée de tous ces propos. Mais, c'est plus fort que moi, j'ai réellement détesté ce que j'ai découvert. Je le répète : le réalisme, dans ce genre d'écrit, c'est le plus important ! Parce que lire le sexe, lire le sale, lire le choquant, sans amener de sentiments adéquats, ni de prise de conscience sur certains phénomènes malheureux toujours présents au XXI siècle, c'est impossible ! Le roman n'a alors aucun sens.

En résumé, je ne conseille pas Outrage, comme vous l'aurez sans doute compris. Je ne suis pas une petite nature, d'autant plus que je suis toujours très curieuse de découvrir des écrits peu communs et qui font souvent grise mine auprès des lecteurs. Il en ressort parfois de petites perles. Ce ne fut pas le cas pour les aventures de Rose, et c'est décevant.

Outrage, par Maryssa Rachel, Hugo Roman éditions, août 2017, 317 pages, 9782755635720, 17,95€