Odyssée des sœurs fantômes (L’), Le siècle phénix T1

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En 2172, l’humanité se relève péniblement des cendres de la Grande Terreur, une crise mondiale survenue plusieurs décennies auparavant. À l’origine de ce bouleversement planétaire, une terrible maladie apparue à la fin du siècle précédent, « la Faucheuse ». Ce virus a provoqué des centaines de millions de morts avant d’être endigué, créant ainsi les conditions d’un déséquilibre mondial. La Faucheuse continue ses ravages en France, malgré les efforts de la famille Dernot, qui a découvert le vaccin et bâti sa fortune grâce à son combat acharné contre le fléau. Juliette Dernot, héritière de la multinationale familiale, est une jeune prodige, promise à un brillant avenir. Ambassadrice des campagnes de vaccination et icône de la Fondation Asclépios, elle est épaulée par Jessica, sa meilleure amie, et par Alex, son compagnon. Mais un terrible accident de train vient bouleverser le destin prometteur de ces trois jeunes. Très vite, la violente explosion à l’origine du déraillement prouve qu’il s’agit d’un attentat dont Juliette est la cible. Qui sont les responsables ? Parviendra-t-elle à leur échapper ? Le capitaine Verrier est dépêché sur les lieux sur sinistre. Après avoir recueilli le témoignage de Jessica, blessée lors de l’attaque, il sonne l’alarme et engage les recherches pour retrouver Juliette, qui a pu s’enfuir avec Alex. La course contre la montre est engagée. L’esprit affûté de Juliette et la compétence du capitaine suffiront-ils à défaire leur formidable ennemi ?

 

En débutant l’ouvrage, je ne m’attendais pas du tout à tomber sur une lecture aussi prenante, je l’avoue. Le résumé ne m’emballait pas plus que cela. Je le trouvais bien rédigé, l’histoire promettait un récit original, mais il manquait un petit quelque chose. Je ne saurais pas dire quoi ! Mais, cela ne m’a pas empêché de le lire, bien au contraire.... et heureusement !

 

Ce roman se révèle être une petite pépite, composé d’un scénario incroyable et complexe. Je vois cette intrigue comme un poulpe, dont les tentacules partent dans plusieurs sens, au vu des nombreuses narrations que nous rencontrons au fur et à mesure de notre lecture. Tous ces tentacules, raccrochés à un seul et même corps, nous conduisent pourtant dans divers lieux, aux côtés de différents personnes où se déroulent des événements effroyablement réalistes. À chaque début de chapitre, nous tombons sur des prénoms, mais bien assez vite, ceux-ci deviennent des individus. Des individus attachants, authentiques, réels. Tellement vrais que j’ai eu l’impression d’être avec eux, de vivre le deuil d’une sœur, de subir un attentat dans un train, de fuir en tentant de survivre, d’avoir la vie des gens que j’aime entre les mains. Lorsque je venais et revenais dans cette histoire, tout ne tournait plus qu’autour d’elle. Autour des personnages, de ce monde futuriste très bien ficelé, au potentiel exploité avec brio.

D’ailleurs, j’ai été très surprise de lire pareil récit où interviennent des sujets politiques, économiques, militaires et autres. Je n’imaginais pas ça, aux premiers abords. Chaque domaine paraît maîtrisé. Après, je ne m’y connais pas assez pour y déceler des erreurs qui relèvent du détail, mais globalement, j’ai vraiment été impressionnée. Thomas Henninot mène parfaitement sa barque, nous emportant dans un premier opus fort en action, en émotions et en descriptions. Tout se mélange à la perfection, avec tellement de naturel que je ne me suis pas perdue une seule fois dans son intrigue, malgré la présence de beaucoup d’événements et de personnages.

 

Un autre point marquant, la plume de l’auteur. En lisant le résumé, j’avais compris que j’avais affaire à une écriture mature, mais ça ne m’a pas empêché de rester sur les fesses durant l’évolution de l’histoire ! Malgré quelques maladresses, résultat d’un jeune style qui se cherche, le roman est bien écrit, où le brut rencontre la délicatesse. Un peu alambiqué et difficile à certains moments, le style n’en reste pas moins addictif. D’ailleurs, de manière générale, même dans les paragraphes les plus compliqués où l’auteur nous apprend des choses sur son univers, cela reste très simple à comprendre. Disons qu’il y a des passages dédiés au « repos » du cerveau et des blocs où les méninges doivent un peu travailler. C’est pas plus mal, et ça s’équilibre même comme il faut. Par exemple, lorsqu’un personnage se retrouve dans une situation délicate, où violence et action se rejoignent dans une valse mortelle, la fin du chapitre transite fatalement vers un nouveau, où nous (re)trouvons un autre individu. Si, de son côté, c’est assez calme, on peut considérer que Thomas Henninot nous offre un peu de répit. Et croyez-moi, dans une histoire de ce gabarit, vaut mieux ne pas cracher sur le peu de calme qui vous est offert... parce que l’auteur se fera une joie de le briser et de vous faire souffrir bien comme il faut !

 

Au niveau des personnages, il y en a beaucoup, quand même ! Enfin, dans l’histoire, ça va encore, leurs interventions logiques et naturelles permettent de suivre, mais si je parle de tous les personnages ici, vous allez vous retrouver avec une chronique tellement longue que la flemme vous aura dévoré avant d’avoir atteint la fin ! Donc, j’aimerais d’abord parler des personnages de Juliette, Alex et Jessica. Ce petit trio se compose du couple Juliette/Alex et de Jessica, donc, la meilleure amie de Juliette. Vous suivez ? Très bien. Des trois, Jessica m’a le plus touchée. J’aime beaucoup son franc-parler, son courage, son audace. Elle est impressionnante, c’est une personne qui force respect et admiration. Je me suis beaucoup retrouvée en elle sur certains points, notamment dans le caractère fort, explosif et, surtout, pour son rapport à l’amitié entretenue avec Juliette. Elle donnerait sa vie pour elle, ce que je pense être capable de faire pour ceux que j’aime vraiment du fond du cœur. Après, à voir dans le feu de l’action, bien entendu ! Mais, ce côté-là, couplé à quelques défauts, la rend attachante, mais surtout très humaine. À côté, il y a eu le duo Juliette/Alex un long moment durant l’histoire. Si je n’appréciais pas trop Alex pendant la première moitié du roman, j’avoue qu’il m’a vraiment surprise (et conquise) par la suite. On découvre un jeune homme, prêt à tout pour sauver la fille qu’il aime, quitte à se mettre en danger. Finalement, il a révélé son vrai visage, celui d’un garçon téméraire (même un peu trop) et aimant. Une bonne surprise en ce qui le concerne, donc. Il y avait aussi Juliette, au début si douce, délicate, innocente et puis... paf ! Tout bascule. Tout change. Mon rapport avec cette héroïne est un peu spécial, parce que je n’ai pas aimé littéralement le personnage, mais plutôt son évolution, ses rapports aux autres, ce qu’elle représente et signifie dans l’histoire et, surtout, les conséquences d’une telle transformation. Elle représente le changement, la profondeur, la douleur et la combativité, tout ça en même temps, sans jamais perdre de sa candeur.

Enfin, pour clôturer ce paragraphe, j’ai gardé le meilleur pour la fin : La Louve. Ce petit bout de femme est vraiment le personnage qui m’a le plus touchée. Elle passe avant Jessica et représente, selon moi, un autre pilier de l’histoire aussi important que Juliette. Sa vie, parsemée de douleur, de souffrance, de merdes (comme elle le dirait sans doute), prend un tournant inattendu. La Louve ne connaît ni le tact, ni la droiture. Elle se fait sa propre idée de la justice et n’hésite pas à tuer des gens de sang-froid pour sauver sa peau et tenir une promesse. Loyale, forte, mais chargée de cicatrices profondes, La Louve est un personnage exceptionnel. Le genre qu’on ne veut pas voir mourir. Pourra-t-elle connaître une fin heureuse ? Quels secrets tournent encore autour d’elle ? Trop de questions, pas assez de réponses.

Globalement, les protagonistes de ce récit extraordinaire sensibilisent le lecteur, chacun à leur façon, et nous ne les voyons pas simplement comme des intervenants fictifs, mais plutôt comme des amis.

 

La fin est vraiment sadique. Du moins, l’auteur l’est, mais le final de son roman fait écho à sa cruauté ! Oui, oui ! Thomas Henninot n’est pas un auteur qui écrit des histoires pour enfants. Et, si le premier tome du Siècle phénix suit une trame digne d’une histoire Young Adult, tantôt crue, tantôt mature, il n’en reste pas moins doté de sang, de violence et... de morts. Gardez le cœur accroché, mais surtout, détachez-vous émotionnellement tant qu’il en est encore temps. Même si je n’ai pas pleuré, je n’ai pas été épargnée par les frissons et la tristesse ! Maintenant, il n’y a plus qu’à attendre la suite... Bien que je sois patiente, en général, j’avoue que j’ai hâte de lire la suite !

 

Grosso modo, le premier opus de la trilogie Le siècle phénix nous emmène dans un univers atypique et futuriste, où survie, action et violence s’invitent sans toquer à la porte. Malgré une plume qui se cherche encore un peu, l’auteur nous offre une histoire sensationnelle, bien écrite et maîtrisée, laquelle vous coupera le souffle par sa cruauté et ses quelques retournements de situation. Des personnages attachants, des événements inattendus et une intrigue qui vous tiendra en haleine... Prenez gare au danger. Il est tout proche. Et, il vous guette !

 

Lien de la chronique : http://papillonvoyageurbloglivresque.weebly.com/chroniques/le-siecle-phe...

 

L’odyssée des sœurs fantômes, Le Siècle Phénix, tome 1, Thomas Henninot, auto-édité.

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