Evanescence de l'hiver

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D’ici je vois certains habitués un peu ricaner.

Oui, Kentaro Okuba est bien un des membres de la rédaction de Phénix mais il ne s’agit pas du tout d’un billet d’humeur/amour pour flatter la quintessence d’un collègue.

En plus je plaide non coupable : il habite la Corse et moi, la Belgique. On ne s’est jamais parlé. Bref …

"Evanescence de l’hiver" n’est pas un roman de SF. S’il a sa place ici, c’est qu’il s’agit d’un roman d’anticipation technologique avec quelques touches de fantasy issue du folklore japonais (voire l’esprit des arbres).

L’histoire de cette quête d’un mystère très japonais par un homme perdu dans sa vie et dans une société qui laisse peu de place à l’individu est en fait un prétexte à un parcours de vie.


Wata est un solitaire, un "privé" mais japonais jusqu’au bout des doigts et lorsqu’une grande pointure lui demande d’enquêter sur un sujet extrêmement vague dans un complexe de chercheurs, il prend son honneur à deux mains et part là-bas, au loin (enfin on en a l’impression dans son récit de voyage) au milieu de zinzins dignes d’un film d’Eddie Murphy.

Qui dit centre de recherche scientifique entend aussi le côté découverte : là se situe cette anticipation.

Dans sa chambre, tout est "escamoté" et la simple pensée fait apparaître le lit ou le frigo. Un réseau interne interagit avec lui, le dirige ou joue quand il ne l’envoie pas dans un stade sous l’apparence de Pelé, ce roi brésilien du fout-dji-bol (prononcé à la brésilienne). Sa casquette fonctionne entre le GPS, la carte de code d’ouverture et le simple couvre-chef… Le plus incroyable est que tout cela semble normal à une bonne partie des personnages et que seul Wata semble abasourdi par le monde qui l’entoure.

Si la quête initiale reste floue pour tous, le style est mordant à souhait, critiquant sans retenue les excès d’une société japonaise obsédée et obsédante. D’expressions imagées comme, page 89 "Son beau visage d’hydrocéphale spongieux avait perdu sa belle teinte d’aspirine vitaminée" aux références aux Ramones, les occasions de rire sont bien présentes, surtout si comme moi, vous avez de petites connaissances de la culture nipponne.

Au début, je ne voulais lire que quelques pages pour me faire une idée mais j’ai lâché toute autre lecture et je suis restée à me pourlécher les doigts de ce sushi corse.

Mélange … détonnant ! (Non, celle-là je devais l’oser !)

Kentaro Okuba, Evanescence de l’hiver, Albania, juillet 2006, ISBN : 2-84698-180-9

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