Nous

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Ce livre surprend par sa modernité. Surprend parce qu’il a été écrit en 1920 et son auteur a connu tous les événements de la Russie vers l’Union soviétique qui avait interdit la publication de ce brûlot. Zamiatine était considéré comme un « acteur culturel coupable d’indépendance d’esprit » peut-on lire dans l’excellent avant-propos d’Hélène Henry.

Orwell a été accusé du plagiat de ce livre pour son 1984, chose démentie.

 

Cette anti-utopie prophétique est proposée dans une nouvelle traduction car la première était celle faite d’une copie en anglais et s’écartait du sens original.

 

Nous sommes dans un monde présenté comme d’anticipation (mais tellement authentique qu’il a fait peur aux pontifes du régime communiste) : « six siècles après notre époque, le monde civilisé s’est organisé en un ‘État unitaire’ dominé par la toute-puissance d’un ‘Bienfaiteur’. Les hommes – des ‘Numéros’ – y habitent un palais de cristal où tout est régulé, même et surtout l’activité sexuelle, et ils paient de leur vie le moindre écart à l’ordre établi. Le livre raconte une tentative de libération, exaltante – avortée » résume Hélène Henry.

 

Sous la forme d’un journal (activité interdite et combien difficile quand on habite un lieu aux murs transparents), D-503 nous raconte sa vie via des notes numérotées. L’amour en dehors des codes de la société le poussera à se révolter.

 

Écriture poétique, brève et elliptique, ce livre est plein de bonnes surprises. J’ai particulièrement apprécié l’usage de sous-titres résumant les notes (parfois ça permet de se remémorer les faits précédents), l’usage d’insert contextuel (comme un extrait d’un journal du jour) ou de lettres.

 

Un témoignage du passé, un auteur peu connu mais un ouvrage qui ne sent pas du tout la naphtaline tant son sujet et son traitement sont d’une modernité rare.

 

Nous par Evgueni Zamiatine, traduit par Hélène Henry, Actes Sud

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