Nocturnes

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On entend souvent dire que le lectorat du genre fantastique/horreur se plaint un peu des écrivains actuels, trop formatés, trop timorés et frileux, trop autocensurés. Eh bien, ceux qui pensent comme cela, réjouissez-vous, car Nocturnes fait partie des exceptions.

 

Au milieu des années 1990, Jean-François Langley plonge dans la gueule de l’enfer à New York pour débusquer un serial killer et arracher à ses griffes des ados promis à une mort certaine. Mais derrière cet acte de bravoure et la célébrité qui en résulte, un autre piège l’attend, celui de la dépression. En quelques mois, il perd sa femme, son boulot et ses amis.

Alors un an plus tard, en quête de rédemption, il décide de repartir sur les lieux de son enquête et découvre des éléments nouveaux. Et si l’affaire n’était pas totalement terminée ?

Il entame dès lors un flirt avec la mort et la folie...

 

Ce livre est plutôt dense, il oscille entre une enquête qui se déroule au présent et de nombreux retours dans le passé. Ces sauts temporels permettent de comprendre et découvrir la psychologie du personnage principal, le journaliste Jean-François Langley, ainsi que les raisons de son état d’esprit ravagé.

Après un début de lecture laborieux où la trame peine un peu à se mettre en place, on rentre dans l’histoire. L’atmosphère est lourde, digne d’un vieux polar en noir et blanc, immergée dans les milieux underground de la pornographie. L’histoire narre le retour d’un journaliste sur sa participation à l’arrestation d’un tueur pédophile. Devenu suicidaire, cet épisode l’a marqué profondément. Il est hanté par les horreurs découvertes dans l’antre du tueur. Il découvre petit à petit qu’il reste de nombreuses zones d’ombres dans cette histoire. Il se remet en chasse, confronté autant au passé qu’à de nouveaux faits.

Dans un premier temps, je n’ai pas été séduit par ce livre. C’est un bon thriller, mais ça reste un thriller avec les ingrédients habituels. Un journaliste torturé, un ami flic, des indics, et un gros vilain. Le thème utilisé des paraphilies me semblait même un peu trop facile pour justifier des scènes chocs afin de pimenter le récit. Les tabous sont bousculés, balayés même. Et puis mon jugement a vite changé. Les connaissances de l’auteur, les descriptions, les profils psychologiques, donnent tellement de corps à l’histoire que les scènes choquantes deviennent une évidence, une continuité dans le récit. Les grosses ficelles habituelles ne sont pas utilisées, l’avancement de l’enquête est cohérente et très bien élaborée. Quelques surprises font basculer le roman dans le fantastique, juste ce qu’il faut pour apporter une plus-value sans perdre en crédibilité.

Malgré une fin un peu frustrante, j’avais sans doute trop d’attentes, j’ai reposé ce livre avec satisfaction. Attention tout de même, les lecteurs sensibles pourraient être mal à l’aise avec certaines scènes. La plume de l’auteur est acérée et touche des sujets délicats tels que la pédophilie, scatologie, cannibalisme, etc. avec beaucoup de réalisme. Mais, que chacun se rassure, les scènes sont bien mesurées, ni trop, ni trop peu.   

 

Nocturnes par Laurent Fétis, couverture par Jamy van Zyl, ActuSF, Février 2016, 437 pages, 978-2-36629-804-8, 9€

lien externe : http://www.editions-actusf.fr/laurent-fetis/nocturnes

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