Nema

Auteur / Scénariste: 
Illustrateur / Dessinateur: 

Qu’est-ce qui peut pousser un jeune homme tranquille à invoquer Satan dans les sous-sols de son domicile pour lui vendre son âme ? L’attrait du pouvoir sans doute, mais peut-être aussi une tendance inavouée à l’autodestruction. 

 

Je vais vous avouer que cet auteur est un ami et que j’ai longuement hésité à chroniquer son travail pour des raisons qui me semblent évidentes. Entre l’hypocrisie d’une critique manipulée, l’ombre du favoritisme ou autres éloges non méritées, les arguments ne manquent pas. Après mûres réflexions, sachant que sa plume est de qualité, j’ai pris le risque de devoir peut-être ébrécher l’inconditionnelle vénération qu’il pense que j’ai envers ses œuvres. Je serai donc totalement impartial.

Tout d’abord, il vous faut savoir que Frédéric Gynsterblom, c’est avant tout un style que beaucoup considère comme passé de mode. Tel un Poppy Z Brite francophone, il a un univers d’écriture qui a tendance à s’approcher du gore, décrivant des scènes horribles avec une froideur inouïe. Il faut être averti de cela car ses histoires raclent généralement les bas-fonds de l’ignominie. Et lorsqu’on pense avoir atteint le paroxysme, il arrive à faire pire… Dans un milieu où les places au soleil sont rares, il a le mérite de rester fidèle à ce qu’il aime. Il propose des lectures qui sortent du moule, de la standardisation des scènes ultra-lissées pour ne pas trop heurter. Cela étant dit, vous voilà prévenu. Lire du Gynsterblom, c’est bien souvent une descente aux enfers. Et ce roman ne fait pas exception, que du contraire.

Vous me direz que c’est une information bien explicite mais par quoi est-elle justifiée ? L’histoire de Nema nous raconte les déboires d’un jeune homme, Marc Labaume, qui s’acoquine avec le diable pour obtenir richesses et immortalité. Tel un jeu de piste, il tente d’atteindre ses objectifs à force de rencontres improbables, d’initiations et de rites monstrueux. Ses aventures sont ponctuées de rivalités entre sorciers, d’hypocrisie, de manipulations. L’auteur dépeint un univers extrêmement malsain et sordide, entremêlant la réalité d’éventuels faits divers de dérapage sectaire, avec une imagination qui ne fait qu’amplifier le malaise qu’on pourrait ressentir. La richesse du vocabulaire et la justesse des descriptions scéniques rend la lecture aussi oppressante que prenante. L’auteur est investi et donne beaucoup d’informations afin de donner du réalisme, peut-être un peu trop par moment car le « non-initié » pourrait parfois se perdre dans les nombreuses références utilisées. Les déboires du héros se concluent dans une fin surprenante qui donne toute la dimension au genre « thriller ésotérique ». Ici pas de happy end, mais une conclusion à la hauteur du reste de la lecture. Horrible, surprenante, inattendue, sordide, …

135 pages, c’est court. Mais, vu l’intensité des scènes qui se succèdent, cette modeste taille est suffisante pour un roman qui se veut aussi dérangeant.

 

Nema, par Frédéric Gynsterblom, couverture par Vael Cat, éditions L’ivre-Book, juin 2016, 978-2-36892-311-5, 3,99€

 

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