Norferville
Détective et criminologue à Lyon, dans une agence qui bat de l’aile pour survivre, Teddy Schaffran apprend que sa fille Morgane avec qui il n’a plus aucun lien depuis des années, a été retrouvée assassinée dans une petite ville paumée du Grand Nord québécois. Mal préparé, il décide de s’y rendre pour comprendre ce qui a pu arriver. Lorsqu’il débarque à Norferville, c’est l’enfer blanc qui l’attend : le froid, la neige, la glace, la tempête, dans une cité minière repliée sur elle-même où la population se résume d’un côté aux mineurs qui picolent les soirs après le travail et les types pleins aux as qui s’offrent l’exaltation en allant randonner dans un trou perdu. Sur place, il rencontre la chargée de l’enquête, Léonie Rock, une jeune flic métisse qui a dû quitter la ville il y a longtemps à la suite d’un viol et qui s’est vue contrainte de revenir parce qu’elle est une des rares à connaître les lieux. Malgré leurs réticences, les deux personnages vont s’associer pour faire face à l’hostilité de la nature, le silence étourdissant des autochtones et la malveillance du chef de police du coin, sorte de potentat local raciste de mèche avec les dirigeants de la mine.
Je dois avouer qu’il s’agit là du tout premier roman de l’auteur que je lis ici. Non que je ne fasse pas confiance à sa plume, loin de là. Je dirais plutôt que, à tort sans doute, j’ai surtout retenu de lui un auteur de polars mettant en scène ses deux policiers fétiches. J’ai peut-être hésité à me lancer dans des aventures où l’on retrouve toujours les mêmes personnages dans des situations proches, ce qui est souvent le cas lorsqu’il s’agit de romans policiers. Par contre, j’avoue avait été titillé par le scénario de celui-ci.
Norferville est bâti comme un roman cinématographique, ce qui n’est pas étonnant si l’on songe que Franck Thilliez est également scénariste. Une petite ville perdue, un froid omniprésent (peut-être même un peu trop par moments), deux personnages à la dérive. Le charme d’une série B américaine. D’ailleurs, il m’a été difficile de ne pas penser au film Wind River avec Jeremy Renner et Elizabeth Olsen. Question d’ambiance. J’ai également songé au roman de Jean-Christophe Grangé, Les rivières pourpres, dans certaines scènes. L’auteur mène son récit avec adresse et une qualité d’écriture indéniable, on est vite pris dans le récit qui s’achève cependant sans trop grande surprise tant le chemin qui mène au coupable s’avère balisé dès le départ. J’ai trouvé le personnage de Teddy attachant, assez original par son physique un peu différent de ce qu’on s’attend à trouver habituellement. Je retenterai l’aventure avec Franck Thilliez, dont le style m’a convaincu (je n’ai pas mis trois jours pour avaler ce roman) à défaut ici de trouver une aventure vraiment originale et avec cette impression de déjà-vu.
Je remercie vivement les éditions Fleuve Noir pour leur confiance.
Franck Thilliez - Norferville - Éditions Fleuve noir, mai 2024, version numérique.