Mousson froide

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Séoul, 25 ans plus tôt - Park Yong-hwan, petit truand sans vraiment d’envergure mais plutôt zélé, est chassé de son domicile par son épouse à la suite d’une énième dispute. Après une ivresse aiguë, décidé à se venger d’elle, il assassine de sang-froid sa propre fillette à coups de couteau dans un prologue hallucinant. Condamné à mort, il échappe à la peine capitale en dénonçant ses anciens complices et voit sa peine commuée en vingt-cinq années de prison. Lorsqu’il sort, après avoir appris un métier et une langue, il n’a pour seul objectif que de retrouver son ex-femme et de se venger.

En parallèle, à Montréal, l’inspecteur Mark Song, un flic d’origine coréenne borderline, traque un réseau de pédophiles qui gangrène la ville et implique quelques personnalités en vue. Il est aidé en cela par une jeune flic indienne maître chien, Jade Assiniwi, qui occupe l’appartement libre de la maison de sa mère. Son chien Jindo est dressé pour retrouver des composants électroniques dissimulés par les suspects, en particulier clés USB, ordinateurs portables… Park Yong-hwan débarque à Montréal pour retrouver sa femme et son fils (dont on comprend dès le départ qu’ils ont changé de nom et que le fils n’est autre que l’inspecteur Song) et va se retrouver mêlé à l’enquête dans le seul but de leur nuire…

Il s’en est fallu de pas grand-chose pour que je trouve ce roman impeccable. L’intrigue est parfaitement menée, les chapitres se succèdent entre Jade, Mark, son père et sa mère, et même le chien Jindo, dont l’auteure nous fait part de ses réflexions et ses considérations, ajoutant une touche originale au récit. Dominique Sylvain ne sombre pas dans le voyeurisme ni le sordide, elle sait éviter le trash inutile, et la lecture défile sans heurts, le gage d’un auteur de qualité.

Alors, pourquoi ce « pas grand-chose »? Parce que j’ai trouvé qu’il y avait quelques  ficelles un peu grosses. Que Park Yong-hwan sorte de prison après avoir échappé à la mort en dénonçant ses ex-complices, mais en retrouve un pour lui faire un faux passeport, passe encore. Qu’il apprenne le français alors que sa femme s’est réfugiée au Québec, pourquoi pas. Ce qui me gène le plus c’est que vingt-cinq ans au mitard ne semblent pas avoir émoussé ses réflexes. A peine arrivé à Montréal, on penserait qu’il connait la ville comme sa poche. En un temps record il fait le tour des universités et identifie deux personnes qui pourraient être son fils, dont l’inspecteur Song. Et, cerise sur le gâteau, remarquant une annonce d’une voyante coréenne, il se dit que sa femme a dû en consulter une. Ce qui tombe relativement bien, puisque cette voyante n’est autre que la compagne de l’oncle de Mark, qui garde les photos et l’adresse dans son portable. Je passerai sur le fait qu’il peut également s’introduire chez la jeune policière et lui « emprunter » son chien sans que celui-ci ne se rebiffe, alors qu’il est censé n’obéir qu’à Jade… le Deus Ex Machina a été un peu trop généreux…

Même si ça ne nuit pas à la fluidité du récit, j’avoue l’avoir un peu regretté, ce qui m’a empêché d’être totalement conquis. Sans cela, Mousson froide aurait été assurément un des thrillers incontournables de ce début d’année, qui a cependant d’énormes qualités, à commencer par la plume de son auteure. A vous de vous faire votre propre opinion.

Je remercie Babelio/Masse critique et les Editions Robert Laffont pour m'avoir permis de découvrir ce roman en avant-première.

Dominique Sylvain - Mousson Froide - Editions Robert Laffont

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