Midnight Meat Train

Réalisateur: 

Le métro de la mort



Photo obsession

Leon Kaufman est un talentueux photographe professionnel qui cherche à immortaliser sur ses clichés les aspects les plus pittoresques de la ville ainsi que les penchants les plus inavouables de ses habitants. Un de ses amis le présente à la séduisante propriétaire d’une galerie d’art branchée, qui semble intéressée par son book et lui promet d’exposer son travail s’il lui rapporte des clichés sortant de l’ordinaire. Motivé par le défi, Leon se met alors à arpenter la nuit les bas-fonds de New York en s’intéressant plus particulièrement aux faits divers les plus sordides. Ces derniers temps, la presse fait état de la disparition de plusieurs personnes, rumeur à laquelle la police ne semble toutefois pas accorder la moindre importance.
Un soir, Leon croit avoir assisté à un meurtre dans le métro mais comme tout s’est passé très vite, il n’est sûr de rien. De retour chez lui, il développe les photos qu’il a prises et les étudie à la loupe en quête d’indices qui pourraient le mettre sur la piste du tueur.

Le dernier métro

Au cours de son enquête, il finit par soupçonner Mahogany (un homme solitaire à la carrure impressionnante et à la mine patibulaire qui travaille dans la journée comme employé dans un abattoir où il désosse avec dextérité des carcasses de bovins et habite dans une sordide chambre d’un hôtel délabré) de passer ses nuits à massacrer les usagers du métro. Fasciné par cet homme énigmatique, Leon se met à l’espionner dans le but d’arriver à le photographier en train de commettre ses crimes odieux. En réalité, Mahogany se sait épié par Leon et, mine de rien, l’incite (sans que ce dernier en ait d’ailleurs conscience) à le suivre pour lui faire voir les horribles actes de boucherie qu’il commet toutes les nuits selon un étrange rituel.
Le serial killer ne s’en prend qu’à ceux qui ont le malheur d’emprunter le dernier métro d’une ligne spécifique. Par ailleurs, Leon découvre que l’entreprise dans laquelle Mahogany travaille existe depuis deux siècles et que l’un de ses employés y fut arrêté pour des actes de cannibalisme dans les années 20. Il pense alors qu’il existe un lien quelconque entre les deux hommes mais sans s’imaginer un seul instant qu’il va bientôt être confronté avec une réalité bien plus horrible encore.

La mort suspendue

Afin de pouvoir passer de la courte nouvelle originelle à un long-métrage de 1 h 25, l’histoire a dû être étoffée. Le scénario accentue l’aspect obsessionnel que revêt la fascination éprouvée par Leon à l’égard de Mahogany et met en exergue la psychose grandissante du héros tout en décrivant les lents et irréversibles dégâts qu’elle engendre sur sa relation amoureuse avec Maya, sa petite amie qui finit par ne plus comprendre, ni même reconnaître l’homme qu’elle aime tant son comportement a radicalement changé.

Midnight Meat Train est une série B de qualité qui rend hommage au genre tout en restant fidèle à l’œuvre de Baker (qui est aussi producteur du film). Cela démarre comme une traditionnelle histoire de serial killer pour se transformer au final en récit fantastico-horrifique dont la “mise en lumière” (au sens propre comme au sens figuré) plonge littéralement le spectateur au cœur du Mal absolu.
Kitamura a su y apporter sa touche personnelle en créant une atmosphère pesante et glauque grâce à une mise en scène virtuose qui ne nous dévoile que progressivement mais un peu plus, à chaque fois, toute l’étendue du massacre et du calvaire enduré par les infortunés passagers, passant en plan séquence alternativement du point de vue des victimes à celui de leur impassible bourreau, le tout dans l’espace restreint et confiné d’un wagon de métro.
Grâce à un judicieux mélange d’impressionnants maquillages spéciaux et de prothèses très réussies ainsi que d’effets numériques performants, rendant les scènes de “boucherie” où l’hémoglobine coule à flots plus vraies que nature, Kitamura ne nous épargne pas grand chose du calvaire subi par les victimes ce qui devrait ravir les amateurs de gore.

C’est habillé d’un costume sombre et toujours tiré à quatre épingles que Mahogany monte dans le dernier métro, muni d’une sacoche contenant les divers outils nécessaires au monstrueux travail qu’il s’apprête à accomplir. C’est ensuite avec une extrême sauvagerie qu’il fracasse la tête de ses victimes à coups de masse, les égorge et/ou les décapite suivant le cas avant de les suspendre la tête en bas à un crochet de boucher. Après leur avoir rasé les cheveux et les avoir dénudé, il les écorche vifs et les éventre, le tout froidement et méthodiquement sans jamais montrer la moindre émotion. On saluera l’excellente prestation de Vinnie Jones dans le rôle de l’imperturbable et mutique mais d’autant plus effrayant Mahogany, sorte d’incarnation du Mal absolu. On regrettera toutefois que la fin soit expédiée bien trop vite et sans nous donne la moindre explication quant à l’origine des “créatures” alors que les scènes de massacre des passagers des derniers métros sont montrées à diverses reprises, quitte parfois d’ailleurs à se répéter un peu trop.

Midnight Meat Train

Réalisation : Ryuhei Kitamura

Avec : Bradley Cooper, Leslie Bibb, Brooke Shields, Vinnie Jones, Robert Bart, Tony Curran, Barbara Eve Harris

Sortie le 29 juillet 2009

Durée : 1 h 25

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