Mentor

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Lorsque Kyle Broder, jeune éditeur prometteur dans une grande maison d’édition new-yorkaise, est contacté par son ancien professeur à l’université, il est ravi et flatté que ce dernier lui demande de jeter un oeil à son manuscrit. Border a vu son passé changer totalement grâce à William Lansing, alors qu’il s’enfonçait dans la drogue et les mauvaises fréquentations, et il se sent redevable face à son Mentor. Cependant, lorsqu’il commence à lire les premières pages de Devil’s Hopyard, il passe de la déception à l’incrédulité puis à l’horreur. Le livre semble n’être qu’un ramassis de cogitations morbides d’un fou dont l’unique objectif est de dévorer le coeur d’une jeune fille. Lorsque Kyle Broder annonce à William Lansing qu’il est impossible de publier son roman, celui-ci le prend très mal et se met en tête de lui faire payer très cher cet affront, en s’attaquant à toutes les personnes qui comptent pour lui, pour l’obliger à finir son histoire. Histoire qui ressemble de plus en plus à une confession…

Mentor a été finaliste du prix du polar 2018 des petits mots des libraires. Je n’ai pas lu le roman du vainqueur, mais force est de constater que Lee Matthew Goldberg y était tout à fait à sa place. En 460 pages que compte ce roman, l’auteur parvient à faire monter une pression qui ne va pas faiblir une seconde jusqu’au dénouement. Nous assistons à la perte progressive des repères de Kyle, complètement dépassé par les évènements, en parallèle de la montée en perversité de Lansing. Il y a du Hannibal Lecter dans ce personnage, lorsqu’il apparait tout sourire et presque misérable devant ses futures victimes pour mieux les posséder ensuite, dans le fait qu’il veuille dévorer le coeur de sa captive. Mais également parce que, à l’instar de son aîné créé par Thomas Harris, William Lansing n’est jamais dans la violence verbale, il attend, il profite, il agit. Pour atteindre son but, la reconnaissance de ses pairs comme un véritable génie de l’écriture. De ce fait, la fin du roman, qui termine de façon hallucinée et hallucinante, est une pure réussite de noirceur.

Entre les pages de son propre roman, Goldberg sème donc quelques unes de celui de Lansing, ce qui permet de se retrouver à la place de Kyle Broder. Du coup, l’auteur change de style, rédige un texte lourd, répétitif, bourré de changements de ton et de conjugaison pour mieux nous faire ressentir le rejet instinctif de l’éditeur. Une histoire impubliable en l’état, contrairement à ce que le Mentor pense tout au long du roman, dévoilant la vraie folie de Lansing.

Mentor est une excellente surprise, et un indéniable coup de coeur qui mérite qu’on s’intéresse de près aux autres romans de Lee Matthew Goldberg. Un auteur qui, en plus d’écrire des romans, est rédacteur en chef et cofondateur de Fringe dédié à l’édition de fiction « hors de sentiers battus », mais aussi scénariste.

Je remercie vivement les éditions Hugo pour leur confiance.

 

Mentor - Lee Matthew Goldberg - Editions HugoetCie - collection Hugo poche suspense - Juin 2020 -7,60€

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