Mémoire vive, mémoire morte

Mémoire vive, mémoire morte regroupe une sélection de nouvelles balayant cinquante ans de carrière de l’auteur, essayiste, éditeur et critique Gérard Klein. Une œuvre multiforme, donc, récompensée en 2005 par le Pilgrim Award décerné par la Science Fiction Resarch Association. L’ensemble s’ouvre sur une préface qui annonce d’emblée la couleur : « Attention, ce recueil est historique », et se clôt par une autre préface, celle « Perles du temps », où G. Klein nous livre une réflexion personnelle sur l’évolution du paysage SF entre l’époque où il débuta dans les années cinquante, et celle où parut ce recueil (1982) : « Je reste persuadé que quelque chose s’est évaporé qui nous appartenait collectivement » dit-il « le sens de l’émerveillement, et, plus précisément encore, le sens de la merveille scientifique ».

Ce qui m’a plu avant tout dans cette lecture, c’est le style. J’ai été enchantée par les mots de G. Klein, son approche à la fois drôle et sensible, parfois avouons-le un brin intello, mais toujours belle et surtout très poétique. Les histoires oscillent entre le visionnaire ou le loufoque (ou les deux), en tous cas, toutes sont particulières, avec une liberté rafraîchissante vis-à-vis des codes narratifs.

Ma préférence va à La serre et l’ombrelle, qui, bien qu’écrite en 1989 sur le thème du réchauffement climatique (les dessous de cette histoire sont dans la préface), n’a pas pris une ride ; Mémoire vive, mémoire morte, où on voit un homme en proie aux affres existentiels générés par la présence d’un implant mémoriel ; ACMÉ ou l’anti-Crusoë dont la phrase finale m’a beaucoup amusée ; La fête, allégorie poétique et touchante d’une rencontre d’un troisième type ; Trois belles de Bréhat qui nous fait partager la fascination d’un homme (ou d’un extra-terrestre ?) pour la beauté érotisée de trois naïades sur une plage bretonne ; ou encore Point final, où culmine un sens certain de la chute.

Un recueil historique, donc, qui devrait satisfaire les amateurs éclairés, mais qui fut aussi une belle découverte pour la néophyte que je suis.

Mémoire vive, mémoire morte par Gérard Klein, Robert Laffont (Livre de Poche)