Mad Detective

Réalisateur: 

Asian psycho

 

Identity

Alors qu’il poursuivait, avec son coéquipier, un suspect dans une forêt, un policier disparaît mystérieusement sans laisser la moindre trace. Dix-huit mois plus tard, son arme de service est utilisée dans une série de cambriolages et de meurtres. L’inspecteur Ho est alors chargé de l’enquête concernant ces meurtres mais comme celle-ci piétine, il décide de faire appel à Bun, son mentor et ancien supérieur, pour l’aider à résoudre cette épineuse affaire. Ce dernier était considéré comme un profiler hors pair jusqu’à ce qu’il perde la raison quelques années plus tôt en se tranchant une oreille en public lors du pot organisé pour fêter le départ à la retraite de son chef, ce qui a alors entraîné son limogeage immédiat de la police et lui a valu le surnom de “mad detective”. Vivant depuis lors en reclus, Bun a le don très particulier de voir les démons dans le cœur des gens et d’être guidé par les morts. Tout au long de sa carrière, il a toujours utilisé des méthodes peu orthodoxes mais terriblement efficaces. C’est en se mettant exactement dans la même situation que les malheureuses victimes (il s’enferme dans une valise qui dévale les escaliers d’un immeuble ou s’enterre vivant dans la forêt) et en revivant par le menu détail (et le spectateur avec) la façon dont un crime a été commis qu’il démasque immanquablement le coupable.

 

Rêves de flic

Mad Detective est un polar noir dans la veine hong-kongaise mais avec la particularité que le héros anticonformiste est, tout à la fois, un fou génial et un flic hors du commun puisqu’il possède un don surnaturel lui permettant de pénétrer dans la tête de n’importe quel individu et de voir jusque dans les recoins les plus sombres de son esprit. La partie se joue ici entre un “carré de flics” : le flic qui a disparu, son coéquipier corrompu, le flic qui mène l’enquête et le flic fou qui utilise ni la logique, ni les armes pour résoudre les affaires criminelles.
Johnnie To s’affranchit ici plus que jamais des conventions du genre et des contraintes du rationnel pour nous livrer un étonnant et détonant polar comme lui seul sait les faire. Il y mêle (comme à son habitude), tout à la fois, le tragique et le burlesque lors de séquences au cours desquelles plusieurs acteurs interprètent les différentes facettes de la personnalité d’un même individu illustrant ainsi les doutes qui l’assaillent. S’il opte, cette fois-ci, pour un montage et une mise en scène nettement plus “traditionnels” dans le style, il termine en beauté avec un impressionnant tir croisé entre les trois inspecteurs de police et l’Indien, soupçonné d’avoir commis les braquages ainsi que les meurtres, se déroulant au travers d’un subtil jeu de miroirs dont les morceaux cassés qui jonchent le sol reflètent les différents “démons” des personnes présentes.
Réalité, rêves éveillés, fantasmes (lorsque sa femme l’a quitté, Bun s’est mis à en imaginer une autre à la place) et/ou délires d’un fou… tel est le choix laissé sans cesse au spectateur pour se faire une idée de l’incroyable “casse-tête chinois” qu’il voit à chaque instant sur l’écran. Malgré l’aspect particulièrement prolifique de son œuvre, Johnny To arrive encore et toujours à nous surprendre. On appréciera également l’excellente prestation de Lau Ching-Wan qui incarne le personnage du “mad detective” avec maestria

Mad Detective
Réalisation : Johnnie To, Wai Ka-Fai
Avec : Lau Ching-Wan, Andy On, Lam Ka-Tung, Kelly Lin.
Sortie le 5 mars 2008
Durée : 1h 29

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