Route vers l'amour, Le puits au bout du monde T

Auteur / Scénariste: 
Illustrateur / Dessinateur: 
Traducteur: 


William Morris (1834-1896) était un homme aux multiples talents : architecte, peintre, décorateur, écologiste, défenseur du patrimoine, imprimeur, éditeur, traducteur, poète et écrivain. Il fut aussi une figure du socialisme émergent en Grande-Bretagne. Sa personnalité a fasciné le musicien Gustav Holst (le compositeur des Planètes) qui dédia une émouvante élégie à sa mémoire, incluse dans sa Cotswolds Symphony (1902).

Dans le domaine de l’imaginaire, Morris a laissé deux ouvrages importants : les utopiques News of Nowhere (1890) et The Well at the World’s End (1896). Celui-ci se présente sous la forme d’un long roman en quatre parties dont voici, à ma connaissance, la première traduction en français. Il est bon d’ainsi pouvoir enfin appréhender ce qui passe pour un des piliers fondateurs de la çfantasy. Dans un environnement vaguement médiéval, le roi des Haults-Prés, Pierre, envoie ses quatre fils dans le monde. Nous suivons le parcours du benjamin, Rodolphe. « Je suis un chevalier et partir en quête d’aventures est mon seul dessein ! » proclame-t-il. Protégé par le collier magique de sa marraine, il parcourt les environs puis s’éloigne définitivement de sa contrée d’origine. Il passera ainsi par une ville marchande, une abbaye florissante et un dangereux bois où il vivra ses premières aventures. Il rencontrera à deux reprises une belle dame étrange et entendra parler du « Puits au bout du monde », dont l’eau rendrait immortel. Il arrive enfin au château d’Abondance, où il lira un livre décrivant ce puits miraculeux. Le voilà décidé : il ira à sa recherche. Mais aura-t-il la force de caractère nécessaire ?

On le voit, l’un des éléments fondamentaux de la fantasy est présent : la quête. Pourquoi Rodolphe a-t-il quitté le foyer parental ? Qui est-il et se connaît-il vraiment ? L’époque moyenâgeuse, la description des bourgades, avec les inévitables scènes d’auberge, les profils pittoresques des personnages rencontrés, la fascination de la belle dame d’Abondance, l’eau de jouvence, voilà bien des thèmes qui formeront en effet le lit du genre fantasy à venir. Le tout se glisse dans la forme d’un récit picaresque aux nombreux rebondissements, qui rendent la lecture fort agréable.

On est encore bien loin des Chroniques de Narnia ou du Seigneur des anneaux, certes, mais il faut un début à tout.

William Morris, Le Puits au bout du monde, livre 1 : La Route vers l’amour, Éditions Aux Forges de Vulcain, 2012, traduit par Maxime Shelledy, illustré par Noemi Shipfer, 177p, 14,9 euros.

Type: