Kraken

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Billy Harrow est le spécialiste des céphalopodes au Musée d’Histoire Naturelle de Londres. Il organise les visites pour les collections privées, dont le Architeuthis dux (un calmar géant) est la pièce majeure. Lors de l’une de ces visites, il constate avec horreur que le mollusque de huit mètres a disparu ! La vie de Billy bascule très vite : une branche secrète de la police vient l’interroger, il découvre l’existence d’une secte des adorateurs du Dieu Kraken et comprend qu’il existe un Londres souterrain et surnaturel…


Je vais aller droit au but, Kraken est un énorme coup de cœur. C’est le premier roman de China Miéville que je lis mais, au vu du plaisir qu’il m’a procuré, ce n’est assurément pas le dernier !

Tout commence dans le Musée d’Histoire Naturelle de Londres lorsque Billy, le conservateur qui s’est lui-même occupé de l’apprêt du calmar géant en vue de son exposition, constate sa disparition. Faire disparaître un monstre marin d’une taille gigantesque de la cuve dans laquelle il était exposé sans laisser la moindre trace d’effraction est purement impossible. Et c’est pourtant le cas.

Et Billy, notre malheureux héros, va dès lors passer du statut de citoyen ordinaire à celui de plus recherché du pays. A ses trousses, divers représentants de sectes dont les adorateurs du fameux Kraken, des policiers empruntant beaucoup à ceux d’une série clamant que « La vérité est ailleurs », j’en passe et des meilleures. Tour à tour suspect, prophète ou usurpateur, notre pauvre Billy est le fruit de toutes les convoitises.

L’imagination de l’auteur est tout simplement incroyable ! Sur une trame de fond faisant la part belle à la fin du monde, China Miéville nous entraîne sur des sentiers inconnus. Oscillant entre fantastique, policier et ésotérisme, il nous fait vagabonder au rythme de ses délires sans jamais cesser de nous surprendre. Si vous aimez les lectures conventionnelles, passez votre chemin ! L’auteur est ce qu’il convient d’appeler un allumé total ! Mais son délire est très proche du génie littéraire ! De multiples rebondissements, des idées novatrices à foison, des clins d’œil appuyés à de nombreuses références cinématographiques et littéraires (Lovecraft en tête), que demander de plus ? On pourrait craindre que cette abondance nuise à la structure du récit mais il n’en est rien. China Miéville fait preuve d’une maîtrise absolue pour emmener son lecteur là où il le désire !

Imaginez le fruit d’un gigantesque mélange entre Lovecraft, Stephen King, Jules Vernes, Cronenberg et David Lynch et vous aurez ce Kraken entre les mains. Sans conteste l’un des meilleurs romans que j’ai lus ces dernières années !

Kraken de China Miéville, traduction de Nathalie Mège, ISBN : 978-2-265-09458-1, 453 p., 20€, Fleuve Noir

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