Comme un poison dans l'eau
Petit garçon, Walter fait preuve d’un comportement étrange, renfermé et hors du monde sans pour autant en être coupé, car il a une passion : le carassin. Son premier poisson rouge est aussi son premier et seul ami, lui permettant de développer des sentiments qu’aucun être humain n’a su éveiller. C’est donc fort logiquement que, quelques années plus tard, Walter décide de suivre des études de biologie marine et centre son existence sur Meizi, son impératrice chinoise aquatique.
Et puis un jour, une panne d’électricité fait entrer dans la vie de Walter sa voisine, Sarah, étudiante elle aussi. Décidant d’une promenade, les deux amis découvrent au dehors une foule affolée au comportement irrationnel. Face à la situation, Sarah décide d’aider son prochain alors que Walter, lui, n’a qu’une idée en tête : sauver Meizi. Y parviendra-t’il ?
La situation fantastique où évolue le héros demeure inexpliquée, mais cela reste sans importance au regard du texte. Yan Marchand se focalise en effet sur l’Homme et ses réactions plutôt que sur l’environnement du jeune homme. Il centre d’ailleurs son récit sur la figure du héros, grâce à l’anonymat dans lequel il plonge les personnages secondaires, privés de nom en dehors de Sarah.
Yan Marchand n’est pas un inconnu chez Griffe d’Encre, et il signe ici un texte de très grande qualité. L’histoire de ce jeune homme est pourtant banale dans sa conception : un asocial s’éprend d’un animal et voit sa vie perturbée par l’arrivée d’une femme. Mais le traitement est parfaitement réalisé, mêlant ironie et cynisme, avec des passages terriblement efficaces et exigeants, comme l’agonie de la rose, un voisin de Walter.
Une très belle novella qui profite de la superbe couverture signée Zariel.
Comme un poison dans l’eau de Yan Marchand, couverture de Zariel, Griffe d’Encre