Little Heaven

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Micah Shughrue, Minerva Atwater et Ebenezer Elkins sont trois chasseurs de primes sans état d’âme, unis de la façon la plus improbable qu’il soit : lorsque Micah, lassé des exactions de son ancien employeur, décide de le supprimer, celui-ci fait appel aux deux autres tueurs pour se protéger. Dans la bagarre qui s’en suit, ils sont tous les trois gravement blessés mais parviennent à s’enfuir pour éviter la police. Plus tard, alors qu’ils cherchent à se faire oublier en pansant leurs plaies, ils sont accostés par une jeune femme qui sollicite leur aide : sa soeur, en prison, lui a demandé de retrouver son fils enfermé dans une secte obscure dont elle est sans  nouvelles. Dirigé par le révérend Amos, un homme qui prétend recevoir ses ordres de Dieu lui-même, l’endroit, barricadé, gardé et éclairé en permanence se nomme Little Heaven et se trouve isolé en plein milieu de la forêt. Lorsque les trois mercenaires arrivent sur place, ils se rendent compte qu’ils ne sont pas seuls. Quelque chose de terrible se cache dans les bois autour d’eux, peut-être une forme de mal absolu…

Quinze ans plus tard, alors qu’ils n’ont jamais pu oublier ce qu’ils ont vécu là-bas ni les conséquences sur eux, la fille de Micah est enlevée. Les trois chasseurs de primes se retrouvent pour une ultime mission, affronter le mal peut-être une dernière fois.

J’avais en son temps entendu le plus grand bien de Troupe 52, le précédent roman de Nick Cutter paru chez Denoël, et que je n’ai pas encore eu l’occasion de lire. Je me suis donc rattrapé avec ce gros pavé de 588 pages, divisé en parties assez inégales, celles concernant la première rencontre des protagonistes avec le mal représentant plus des deux tiers du livre. L’auteur va prendre son temps pour installer le suspense, utilise fréquemment le flashback entre 1965 (début de l’histoire) et 1980 (le retour), campe ses personnages tranquillement mais de façon fouillée jusqu’à leur arrivée à Little Heaven. On a plus l’impression d’assister à un road-movie déjanté, un western moderne, qu’un roman d’horreur.

À cet instant, tout va changer. Nick Cutter connait ses classiques. Aucun personnage n’est exempt de tares, physiques ou intellectuelles, ce sont tous des « saccagés » de la vie, des antihéros finalement, même s’ils ne manquent pas de saveur - je pense en particulier à Ebenezer, le chasseur black anglais n’ayant su se départir de certaines de ses manières, même lorsqu’il utilise ses armes sans remords. Si les objectifs du Mal ne sont pas sans rappeler ceux du clown de Stephen King dans IT, la description physique des créatures quant à elle fait penser au film de Big John Carpenter, The Thing. Les illustrations d’Adam Gorham qui parsèment le récit, remarquablement bien réalisées, sont sans conteste un plus, à la façon d’un Bernie Wrightson illustrant l’Année du loup-garou ou d’un Charlie Adlard pour Walking Dead. Sans être réellement terrifiant, Little Heaven sait tenir le lecteur au détour de quelques scènes choc de combat ou de transformations physiques, sans sombrer dans le gore.

Mon seul regret finalement concerne la fin du roman : le retour des trois chasseurs de primes et leur nouvel affrontement aurait gagné à être un peu plus développé et non trop rapidement exécuté à mon sens au profit de quelques longueurs initiales ou dans la secte. Jusqu’à une conclusion qui ne manque pas d’originalité, mais qui avec le recul m’est apparue comme la plus logique possible. En ce sens, si Nick Cutter a sans conteste des accents kingiens, il démontre qu’il n’est pas non plus Stephen King en laissant dans ses dernières pages une certaine perversité.

Indiscutablement plaisant à lire, Little Heaven fait partie de ma top list de romans, catégorie horreur, en ce début de 2019. Nous sommes gâtés, pourvu que ça dure!

Mes remerciements aux Editions Denoël pour leur confiance.

 

Little Heaven - Nick Cutter - Denoël - 11/18, 24 €

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