Flamboyants de Kaliurang (Les)

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De l’Indonésie, en littérature comme au cinéma, finalement je ne connaissais rien. Honte à moi, j’aurais presque commis l’énorme erreur de penser à Marguerite Duras, avant de me rappeler qu’il s’agissait de l’Indochine. Erreur impardonnable… Le roman de Jean Malingreau vient donc à propos combler mes lacunes littéraires sur la région, et je remercie infiniment les Editions l’Harmattan de m’avoir permis cette lecture.

L’auteur, comme il est précisé dans la page 4 de couverture, est un connaisseur de l’Indonésie pour y avoir longtemps séjourné et étudié l’agriculture et les ressources naturelles. Les flamboyants de Kaliurang prend donc des allures de récit autobiographique, le personnage principal s’appelant lui aussi Jean. Il nous relate les aventures et mésaventures d’un jeune agronome européen, presque ancré dans ses habitudes, héritage de son passé, qui est mandaté par l’ONU pour étudier les resources de l’archipel dans les années 70, en pleine agitation politique. À la découverte d’une culture, d’une civilisation, d’une façon de vivre, le narrateur tombe amoureux, non seulement de ce pays, mais aussi d’une jeune beauté javanaise, ce qui lui occasionnera une grande déception, leur relation étant malheureusement vouée à l’échec…

Récit plutôt que roman, les chapitres se succèdent rapidement, dans un style très visuel, qui tient souvent du reportage journalistique, tout en gardant l’émotion que seule une jeune personne découvrant le monde peut faire passer. On sent le narrateur tantôt émerveillé, tantôt amusé, parfois déçu par la lourdeur administrative que la dictature au pouvoir instaure. Il y a une réelle fascination transmise par l’auteur, fascination communicative qui pour un peu donnerait envie toutes affaires cessantes de remplir sa valise de quelques bricoles et de prendre son passeport pour aller vérifier sur place ce que l’Indonésie d’aujourd’hui a gardé de son passé. Et l’on sent que la décision de quitter le pays a dû être oh ! combien difficile pour lui.

De ce roman, je n’aurais qu’un seul petit reproche à faire, sur la forme et non sur le fond. Un peu trop souvent, des changements de temps lors de la narration, entre présent et imparfait, se succèdent au sein d’un même chapitre, rendant parfois la poursuite du récit un peu génante. Mais c’est somme toute un bien petit reproche pour une histoire qui m’a permis de découvrir avec bonheur une région que je ne connaissais pas.

 

Les flamboyants de Kaliurang par Jean Malingreau, Collection encres de vie, L’Harmattan, juin 2018, 14,50 €

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