Les seigneurs de la guerre
A la vie, à la mort
Le général de l’armée morte
Le Général Pang, un militaire ambitieux qui sert sous les ordres de la dynastie Qing, a reçu pour mission de mater la rébellion Taiping. Après avoir été blessé au cours d’un impitoyable affrontement, il reprend conscience parmi les milliers de cadavres qui jonchent le champ de bataille et constate avec stupeur qu’il est le seul survivant. Tous les vaillants soldats qui combattaient sous ses ordres sont morts. Traumatisé et se sentant coupable d’être toujours en vie, il décide de retourner à la vie civile. Errant sans but sur les routes, il finit par arriver dans un village où habite une bande de voleurs avec leurs familles qui lui accorde l’hospitalité. Il y fait la connaissance de leur chef, Zhao Er-Hu, de son jeune frère, Jiang Wu-Yang, ainsi que de Lian, la femme de Zhao. Peu après, suite au pillage dont le village a fait l’objet de la part d’une troupe de soldats Qing, Pang finit par convaincre ses nouveaux amis que le mieux pour tout le monde est de l’aider à lever une nouvelle armée car, en ces temps de disette, c’était encore la meilleure façon de se procurer de la nourriture et de pouvoir changer le cours de l’Histoire.
Le serment
Lorsqu’au cours d’une bataille contre les rebelles Taiping, Pang se porte au secours de Jiang Wu-Yang et est blessé à sa place par une flèche, lui sauvant ainsi la vie : ce dernier lui en est éternellement reconnaissant. Dès lors le jeune homme fougueux voue un véritable culte à son sauveur, cette dévotion surpassant même tout l’amour qu’il éprouve pour Zhao Er-Hu, son frère et père adoptif. Les trois hommes deviennent alors “frères de sang” et se prêtent mutuellement serment de fidélité. Désormais, aucune décision importante ne sera prise sans l’assentiment de la fratrie. C’est ainsi que, soutenu par ses deux frères de sang, Pang crée le régiment Shan, composé de bandits dont ils feront de redoutables soldats et, qui sous l’égide de l’armée Qing, partiront combattre la rébellion Taiping. Au fil du temps, les forces armées du Général Pang deviendront de plus en plus puissantes et son ambition démesurée ne cessera de croître. Assoiffé de pouvoir, il ne reculera devant rien pour se débarrasser de ses ennemis et atteindre son but. Ses choix politiques ainsi que son amour pour Lian, l’épouse de Zhao, mettront à mal la fraternité entre les trois hommes qui ne résistera pas au choc et cela finira par leur faire commettre l’irréparable.
La chair et le sang
Avec Les Seigneurs De La Guerre, Peter Chan modernise le traditionnel « wu xia pian » et nous livre ici une fresque épique sur fond d’amitié fraternelle puis fratricide. S’inspirant de divers faits historiques (la révolte des Taiping de 1851 à 1864 qui causera la mort de millions de personnes, l’assassinat du Gouverneur de Nankin le 26 juillet 1870), son solide scénario fait la part belle à la psychologie de son quatuor de personnages principaux (le Général Pang, Zhao Er-Hu, Jiang Wu-Yang, Lian) déchirés par leurs idéaux mis à mal, leurs désirs souvent inassouvis et leurs sentiments parfois contradictoires. On assiste alors à l’affrontement entre des frères de sang devenus, au fil du temps, des frères ennemis après leurs dissensions relatives à la prise de décisions importantes dans le but de contrecarrer des intrigues de palais. A cela vient s’ajouter un “amour défendu” qui ne fera qu’attiser leurs différends. Depuis le premier instant où leurs regards se sont croisés, Pang et Lian sont tombés amoureux sans toutefois se l’avouer pour préserver l’unité de la fratrie bien qu’une telle passion réfrénée puisse difficilement rester cachée aux yeux de tous. Ayant finalement découvert leur amour clandestin, Jiang Wu-Yang ne sait comment résoudre le terrible dilemme qui se pose alors à lui et choisit dans un moment de folie d’y couper brutalement court.
L’atmosphère est résolument sombre dans ces temps de guerre, la reconstitution des décors et des costumes est minutieuse, la photo est superbe. Quant aux époustouflantes scènes de bataille, Peter Chan a pris le parti de nous montrer l’atroce réalité des combats sans aucune fioriture. De l’intolérable cruauté, de la bestialité et de l’intransigeance de ces “Saigneurs” de la Guerre : rien ne nous sera ici épargné (décapitations, exécution de toute une armée faite prisonnière qui s’est pourtant rendue après avoir déposé les armes, etc) et ce dès la scène d’introduction mais sans toutefois porter le moindre jugement de valeur sur les horribles exactions commises par les différents belligérants. Même si Les Seigneurs De La Guerre est un film souvent particulièrement violent et sans concession, c’est avant tout incontestablement du grand et beau spectacle mis en valeur par l’interprétation hors pair de son quatuor d’acteurs d’exception (Jet Li, Andy Lau, Takeshi Kaneshiro, Xu Jinglei).
Les Seigneurs De La Guerre
Réalisation : Peter Chan
Avec : Jet Li, Andy Lau, Takeshi Kaneshiro, Xu Jinglei
Sortie le 28 janvier 2009
Durée : 1 h 50