Chroniques de Spiderwick (Les)

Le cercle

Suite à son divorce houleux, Helen Grace a été financièrement contrainte de quitter New York en compagnie de ses jumeaux, Jared et Simon, et de sa fille aînée Mallory pour aller vivre dans l’ancienne résidence de son grand-oncle, l’éminent naturaliste Arthur Spiderwick, demeure restée inhabitée depuis bien des années. A peine la petite famille a-t-elle emménagé dans cette grande bâtisse isolée et quelque peu sinistre, que Jared met à jour la cachette d’un facétieux farfadet, nommé Chafouin, avant de découvrir dans le grenier une malle cadenassée et recouverte de poussière contenant un étonnant ouvrage orné de superbes illustrations d’animaux fantastiques de différentes espèces et s’intitulant
“Le Guide Arthur Spiderwick du monde merveilleux qui vous entoure”. Malgré les consignes strictes laissées par son ancêtre, interdisant formellement qu’on touche au Guide afin d’éviter qu’il ne tombe entre de mauvaises mains, Jared n’en fait qu’à sa tête et s’empresse de lire le précieux manuscrit qui dévoile les mille et un secrets d’un Monde Invisible, peuplé de toutes sortes de créatures fantastiques (gobelins, fées, trolls, sylphes délicats, oiseaux exotiques et autres porcins voraces). Ce que Jared ignore c’est qu’un ogre maléfique, du nom de Mulgarath, habite également ce Monde Invisible qu’il souhaite contrôler à tout prix. Pour cela il lui faut impérativement s’emparer du fameux Guide. Prêt à tout pour parvenir à ses fins, le rusé Mulgarath va tendre un piège machiavélique aux enfants afin de pouvoir briser le cercle magique qui protège la maison avant de se lancer avec sa horde de hideux gobelins à l’assaut de la Résidence Spiderwick.

Invisible menace

Les Chroniques De Spiderwick partent du principe que tous les phénomènes inexpliqués de notre quotidien sont l’œuvre des créatures fantastiques qui vivent tout autour de nous sans qu’on puisse les voir. Celles-ci ne sont visibles par les humains que si ces derniers se servent de la Lunette de Pierre, creusée en son centre et dotée d’une lentille spéciale, ou si l’un des habitants du Monde Invisible leur accorde volontairement la Vision.
Originaire de Nouvelle Angleterre, Arthur Spiderwick fit construire sa maison au début des années 1900. Ce scientifique féru de sciences naturelles consacra 20 ans de sa vie à étudier le Monde Invisible dont il avait entendu parler dans les anciennes mythologies. Il consigna méticuleusement l’ensemble de ses recherches au sein d’un ouvrage dans lequel il recensa et décrivit dans les moindres détails toutes les créatures fantastiques ainsi que leurs coutumes respectives. Il cacha ensuite ce manuscrit dans un lieu protégé puis demanda à Chafouin d’en être le gardien avant de disparaître mystérieusement, du jour au lendemain, laissant du coup sa fillette Lucinda seule et désemparée. En réalité, il a été emmené par des fées dans un univers parallèle afin de le mettre à l’abri de ses ennemis. Ce Monde Féerique est un endroit paradisiaque dans lequel les rares humains qui y sont conviés, ne vieillissent plus jamais malgré le temps qui passe.

C’est donc en s’inspirant des nombreuses illustrations, dessinées par Tony DiTerlizzi dans la série de livres pour enfants qui sont à l’origine de ce film, que fut conçu l’incroyable bestiaire des différentes créatures fantastiques (de tailles et d’apparences diverses et variées) peuplant le Monde Invisible et auquel les jeunes héros vont être confrontés. Devant l’ampleur et la complexité de la tâche, le travail fut réparti entre plusieurs sociétés. C’est ainsi qu’ILM s’occupa plus particulièrement du minuscule farfadet Chafouin et de l’horrible ogre Mulgarath ainsi que des elfes et des sylphes tandis que la création des trolls et des gobelins (dont le vorace Tête de Lard) a été confiée au Studio Phil Tippett. Quant à Michael Lantieri, il s’est occupé entre autre chose de l’attaque de la Résidence Spiderwick par Mulgarath et sa meute de gobelins déchaînés.
Chaque créature fantastique possède ici ses spécificités propres : Chafouin, le farfadet malicieux et cleptomane se change en hideux troll vindicatif quand on le contrarie, l’ogre Mulgarath peut changer d’apparence à volonté pour mieux tromper ses adversaires, les gobelins sont particulièrement stupides ce qui leur cause pas mal de désagréments, Tête de Lard devient absolument incontrôlable en présence de n’importe quel oiseau, … L’une des principales difficultés techniques fut ensuite de trouver le juste équilibre entre ces diverses créatures fantastiques lorsque plusieurs d’entre elles interagissent dans un même plan, du fait de la grande variété des espèces et donc de leurs différences de taille (Chafouin le farfadet mesure 20 cm de haut, l’ogre Mulgarath fait 3 mètres de haut, l’envergure des ailes du griffon Byron atteint les 8 mètres). L’autre challenge des équipes chargées des effets spéciaux et visuels consistait à trouver la meilleure façon de créer la grande variété de personnalités des nombreuses créatures fantastiques qui peuplent le Monde Invisible (puisque chaque gobelin a une physionomie différente et une identité spécifique même si on les voit pas forcément en gros plan).

Double je(u)

Dans Les Chroniques De Spiderwick les jeunes héros n’ont aucun pouvoir surnaturel et ils combattent leurs redoutables ennemis avec les moyens du bord. Ils ne disposent, pour seuls atouts, que de leur intelligence et de leur sens de la solidarité pour se sortir de situations aussi déroutantes que périlleuses. Les membres de la famille Grace devront apprendre à mettre leurs dissensions de côté pour faire front commun contre l’attaque du fourbe Mulgarath et de sa meute de gobelins vindicatifs.
La Résidence Spiderwick fait également office de “personnage” à part entière dans cette histoire de parcours initiatique (symbolisant ici, une fois encore, le passage de l’enfance à l’âge adulte) qui fait la part belle à un surprenant bestiaire de créatures fantastiques en tout genre (le film comporte plus de 600 effets visuels).

L’autre élément important du récit c’est la Lunette de Pierre permettant aux humains de percevoir le Monde Invisible et ses habitants.
Le scénario, qui mélange constamment le réel et le fantastique, s’inspire assez librement de la série de livres tout en en respectant l’esprit mais l’adapte sur un registre nettement plus sombre qu’à l’origine ce qui n’empêche d’ailleurs pas l’humour d’être présent à de nombreuses reprises tout au long de l’intrigue. Le Monde Invisible nous dévoile un univers de Fantasy, d’inspiration très celtique, peuplé d’horribles monstres particulièrement cruels et d’un méchant prônant l’éradication des espèces qui ont le malheur d’être différentes de la sienne. Bien que très nettement ciblé “jeunes ados”, Les Chroniques De Spiderwick n’en sont pas moins un film familial de qualité qui cumule une somme de savoir-faire impressionnants. Le scénario entre assez rapidement dans le vif du sujet et convie le spectateur à accompagner de façon quasi non-stop les jeunes héros dans leurs aventures aussi rocambolesques que trépidantes. Quant à Freddy Highmore, il nous montre une nouvelle facette de son talent puisque qu’il se “dédouble” en interprétant les jumeaux au tempérament respectif très différent : Jared, le rebelle qui rend responsable la terre entière (et plus particulièrement sa mère) de la séparation de ses parents, et Simon, l’introverti qui préfère la compagnie des animaux à celle des copains de son âge.

Les Chroniques de Spiderwick

Réalisation : Mark Waters

Avec : Freddie Highmore, Marie-Louise Parker, Sarah Bolger, Nick Nolte, Joan Plowright, David Strathairn, Seth Rogen.

Sortie le 16 avril 2008

Durée : 1 h 36