Légendes des Contrées du Rêve, intégrale

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Né en 1937, quelques mois après le décès de H. P. Lovecraft, Brian Lumley sera l'un de ses plus fidèles continuateurs. Loin de se lancer dans des « à la manière de... », comme August Derleth, entre autres, il s'empare du mythe de Cthulhu ou des Contrées du Rêve pour y greffer ses propres trajectoires. Dans les années 1970, il écrira ainsi six romans relatant de nouvelles luttes contre les Grands Anciens, emmenées par un héros courageux, Titus Crow. Cette série a été rééditée, en deux tomes, chez Memnos l'an dernier.

 

Les Légendes des Contrées du Rêve (1986-1987), que voici en un seul fort volume, se déroulent dans le monde onirique créé par le maître de Providence dans ses nouvelles dunsaniennes et poursuivies dans le cycle de Randolph Carter. On revisitera donc Ulthar ou Celephaïs, on rencontrera à nouveau Kuranes ou Carter : l'amateur  se retrouvera en terrain familier. Les acteurs, David Hero et Eldin l'Aventurier, sont deux rêveurs quittant à jamais le Monde Éveillé (le nôtre) pour habiter les Contrées du Rêve, et y vivre les plus incroyables péripéties. Lumley les ordonne en trois romans :

- Le héros des Rêves

- Le vaisseau des Rêves

- La lune des Rêves.

Les trois intrigues se révèleront bien différentes et tous les personnages rencontrés petit à petit se retrouveront dans l'apocalypse finale (un peu comme dans les cycles de Moorcock). Des bons, certes, comme Kuranes, bien sûr, le conservateur du musée de la ville volante, tout hérissé de piques métalliques, ou ces arbres pensants qui joueront un grand rôle. Des méchants aussi : Zara, morte souveraine des zombies, la ravissante Lathi la reine termite, dont l'abdomen cache une horreur absolue, ou les démoniaques cornus du plateau de Leng, serviteurs des Grands Anciens. Ceux-ci jouent un rôle d'arrière-plan dans les deux premiers romans et crucial dans le dernier : ici, il ne s'agira pas de Cthulhu, mais du lunaire Mnomquah et de la dégoûtante Oorn qui veulent réintégrer les Contrées. Ces dieux, tout comme Yibb-Tstll, enrichissent le panthéon lovecraftien d'entités nouvelles.

Ces trois romans fourmillent de créatures étonnantes : on en verra aussi deux qui s'avéreront bénéfiques, les spectres décharnés, appelés à jouer un grand rôle comme moyen de transport, et « la Chose qui court », gigantesque cloporte qui n'obéit que lorsqu'on chante pour lui. Les aventures sont trépidantes et le lecteur n'a pas le temps de s'ennuyer une seconde. Contrairement à celui de Lovecraft, le style de Lumley ne s'embarrasse d'aucune description. Tout repose sur les dialogues, il se passe un événement à chaque page, l'action pure règne en maîtresse absolue.

 

La fin, plutôt énigmatique, laisse augurer une suite. Sur le site de Brian Lumley, on apprend d'ailleurs que le cycle comprend un quatrième volume, intitulé Iced on Aran, écrit en 1990 (www.brianlumley.com). A notre connaissance, il n'est pas traduit. Telle quelle, la présente « intégrale » procurera un grand et furieux plaisir de lire. La mission d'un écrivain n'est-elle pas d'être avant tout un bon raconteur d'histoires ?

 

Brian Lumley, Légendes des Contrées du Rêve, Mnémos 2015, ISBN 978-2-35408-304-5, traductions de Rosalie Guillaume (Le héros des Rêves) et Isabelle Troin (Le vaisseau des Rêves, La lune des Rêves), couverture de Nicolas Fructus, 441 p., 27 euros.

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