Syndrome indigo (Le)

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Un certain Clemens J. Setz enseigne les mathématiques dans une école internationale dédiée aux enfants souffrant d'un mal singulier, le syndrome indigo. Dotés de capacités suprasensibles, ces "enfants indigo" causent à leurs proches, par le seul fait de leur présence, des troubles inexpliqués ― vertiges, vomissements, violentes migraines ― qui finissent par rendre la vie de tous insupportable. Quand le jeune professeur interroge la direction de l'école sur le sort d'élèves, déguisés d'étrange façon, qu'il a vus quitter l'établissement vers une destination inconnue pour ne jamais revenir, il est aussitôt remercié. Quinze ans plus tard a lieu le procès très médiatisé d'un ancien professeur de mathématiques, accusé d'avoir tué un homme qui torturait des animaux... Alliant lucidité exacerbée, humour noir cinglant et goût assumé pour l'épouvante, Clemens J. Setz s'empare de nos psychoses contemporaines avec une joie féroce pour en tirer un roman énigmatique et puissant.

 

Amatrice de romans fantastiques étranges, ce résumé avait tout pout m'attirer.

Je suis pourtant passée totalement à côté.

 

L'histoire commence plutôt bien. On entre effectivement dans un univers étrange, porté par un sujet tout à fait fantastique : des enfants qui rendraient leur entourage physiquement malade, sans qu'on sache vraiment s'il s'agit de la réalité ou de symptômes psychologiques.

 

La composition du livre est elle aussi intéressante : l'auteur utilise différents supports pour nous raconter son histoire, des notes aux extraits de journaux en passant par deux récits qui se croisent et sont racontés par deux narrateurs différents, Clemens J. Setz et l'un de ses anciens élèves, Robert.

La dimension étrange est renforcée par des références subtiles entre les chapitres de ces deux personnages (bouts de phrases ou images qu'on retrouve en miroir de façon déformée...), si bien qu'on ne sait pas vraiment qui est qui, ce qui est réel et ce qui ne l'est pas.

Le syndrome indigo partait donc avec un bon potentiel fantastique, promettant un roman étrange et déroutant.

 

J'ai pourtant été très déçue par cette lecture, en raison de plusieurs aspects.

Premier point, j'ai trouvé que les personnages n'étaient pas du tout attachants, et aucune psychologie ne vient étayer leur personnalité.

J. Setz est plutôt sympathique au début, mais devient vite de plus en plus hermétique sans qu'on nous permette de comprendre pourquoi. Il semble très perturbé par tout ce qui touche à la torture animale, mais il ne s'agit que d'un simple malaise physique qui n'est jamais expliqué en terme de compassion. Du fait qu'il ait tué un homme qui torturait des animaux, nous ne saurons rien d'autre que ce qui est écrit dans le résumé.

Robert, lui, est extrêmement antipathique dès les premières pages. On pourrait comprendre, étant donné ce qu'il a vécu, qu'il ait une personnalité particulière, mais ici rien n'est fait pour nous permettre de nous mettre à sa place ni d'expliquer son ressenti et ses actions. Ce jeune homme éprouve de plus une attirance très malsaine pour ces mêmes animaux torturés. On trouve d'ailleurs dans le livre certaines descriptions non dénuées de voyeurisme dont l'utilité m'a échappé.

 

D'une manière générale, le roman est extrêmement lent (sur près de 500 pages, ça paraît trèèès long). On attend, à défaut d'une résolution de l'énigme (le genre fantastique aime brouiller les pistes) une intensification du mystère. Il n'en est rien : c'est juste ennuyant. A la moitié du bouquin, comprenant que ça ne décollerait probablement pas plus, j'ai commencé à décrocher. J'ai rarement été aussi rebutée à l'idée de poursuivre un roman.

L'auteur confond mystère avec paresse : si on peut comprendre, étant donné le genre, une certaine absence d'explications concernant les éléments étranges, cela ne justifie pas le fait qu'aucune des pistes ne soit véritablement creusée. Des petits bouts de mystères flottent à droite à gauche, mais ne sont aucunement exploités. Une grande partie des phrases ne sont même pas terminées, ce qui rend certaines conversations vraiment difficiles à comprendre, sans parler des nombreuses références que tout le monde ne partage pas forcément et qui ne sont absolument pas expliquées, rendant cette lecture encore plus obscure. Et que dire du procédé extrêmement classique consistant à finir le chapitre juste avant une révélation, que nous n'aurons tout simplement jamais.

 

Ce n'est donc pas le manque d'explications qui m'ait posé problème dans ce roman, mais bien la paresse de l'auteur à creuser son mystère pour nous le rendre attirant. Ce récit n'est pas incompréhensible ; il est tout simplement inintéressant.

J'ai lu des romans autrement plus labyrinthiques et complexes que celui là qui m'ont plu bien davantage.

Le syndrome Indigo n'est cependant à mon sens absolument pas représentatif de la collection Babel, que j'aime habituellement beaucoup pour les romans fantastiques de grande qualité qu'elle propose.  

 

Le syndrome indigo, par Clements J. Setz , illustré par Robert et Shana Parkeharrison, traduit par Claire Stavaux, Babel

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