Silence de la ville blanche (Le)

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La police espagnole découvre dans la cathédrale de Vitoria les corps de deux personnes, un homme et une femme, nus et se touchant la joue, morts asphyxiés par de multiples piqures d’abeilles dans la bouche. Chargé de l’enquête, l’inspecteur Unai de Ayala, surnommé le Kraken, voit dans cette mise en scène macabre une réminiscence de meurtres commis vingt ans plus tôt dans la même ville. Le problème ? L’auteur présumé de ces crimes est toujours derrière les barreaux, même s’il est en passe d’obtenir une libération conditionnelle. Et ce dernier propose son aide au policier afin d’arrêter le coupable avant qu’il ne soit trop tard. Partagé entre d’anciens souvenirs personnels douloureux (la mort de sa femme et de son enfant), les soucis de sa collègue et l’arrivée d’une supérieure particulièrement séduisante, l’inspecteur Unai de Ayala sait qu’il s’engage dans une enquête particulièrement difficile, d’autant que le coupable semble avoir toujours une longueur d’avance…

Le silence de la ville blanche fait partie de ces polars/thrillers (j’hésite un peu avec le genre) particulièrement réussis qu’il m’ait été donné de lire ces derniers temps. En premier lieu parce qu’à la liste des victimes du mystérieux tueur, l’auteure privilégie le fond à la forme, il n’y a aucun étalage morbide et cru. Eva Garcia Saenz de Urturi fait de sa ville natale un personnage à part entière dont elle parcourt chaque rue, chaque ruelle, en parfaite guide de voyage, mais comme si les endroits qu’elle nous fait découvrir étaient tantôt des témoins, tantôt des complices, volontaires ou non, de la police ou du criminel.

J’y ai trouvé par moments une ambiance proche de celle du roman de Thomas Harris, Le silence des agneaux, dans la construction et le déroulement de l’intrigue. Les protagonistes sont attachants et sonnent globalement justes, chacun avec leurs secrets bien gardés, mention spéciale pour le grand-père du policier.  On n’échappe cependant pas à quelques lieux communs : le flic tourmenté qui tombe amoureux de sa supérieure avec des rapports dominant/dominé jusque dans le sexe, le même policier forcément profiler, à se demander si désormais un policier dans un roman peut être autre chose qu’un profiler…  Pas forcément indispensable, surtout que cette « science » ne lui sert pas à grand-chose… Quelques revirements de situation afin de renforcer la tension, une fin qui se construit peu à peu, assez originale même si on finit par la deviner, font de ce  thriller une oeuvre plaisante et sans temps mort de cette fin d’année 2020, qu’il serait dommage de négliger.

Je remercie les éditions Fleuve pour leur confiance

 

Le silence de la ville blanche - Eva Gracia Saenz de Urturi - Editions Fleuve - sept 2020, 21,90€

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