Nouveau protocole (Le)

Réalisateur: 

Vérités et mensonges


L’homme en colère

Raoul Kraft vit seul dans son exploitation forestière située au cœur des Vosges. Un matin, il apprend la mort de son fils de 18 ans dans un tragique accident de voiture. Pour la gendarmerie, il ne s’agit là que d’un dramatique mais banal accident qui s’est déroulé sur une route de montagne sinueuse. Quelques jours plus tard, Diane, une parfaite inconnue, arrive de Paris et prend contact avec Kraft pour lui révéler des informations troublantes. Elle prétend que cet accident n’en serait peut-être pas vraiment un dans la mesure où son fils participait à un protocole médical mis en place par un laboratoire pharmaceutique qui testait ainsi des médicaments expérimentaux. Il se pourrait donc bien que l’accident de son fils ait été provoqué par les effets secondaires des médicaments qu’il absorbait depuis quelque temps.

Kraft a bien du mal à y croire mais il décide tout de même de se rendre à Paris pour tenter d’en savoir plus et les premières recherches qu’il effectue là-bas semblent effectivement abonder dans le sens de ce que Diane prétend. Très vite, les deux acolytes vont bientôt être obligés de prendre la fuite devant de mystérieux poursuivants mais sans pour autant abandonner leur enquête. En compagnie de la jeune altermondialiste convaincue, Kraft va être contraint de quitter le monde simple qui était le sien jusqu’alors pour un monde qui lui est complètement étranger et où la vérité n’est pas forcément là où on l’attend.



Dernier recours

Le Nouveau Protocole est avant tout un drame humain dans lequel on assiste à la douleur et au désarroi d’un homme solitaire qui se retrouve confronté au décès brutal de son jeune fils et qui cherche à tout prix à faire la lumière sur la façon dont l’accident de voiture, qui lui a coûté la vie, s’est produit. Quelque part, Kraft se sent coupable (même s’il ne l’est pas) dans la mesure où il a prêté sa voiture à son fils. D’ailleurs dans un premier temps, il demande à un ami garagiste de vérifier si une quelconque défaillance technique de son véhicule ne serait pas la cause de l’accident. Le fait de découvrir que cette mort tragique serait due à autre chose qu’un banal accident de voiture lui retirerait un poids. Trouver un “vrai coupable” autre que la fatalité lui permettrait de soulager sa douleur insurmontable et d’estomper la culpabilité qu’il ne peut s’empêcher de ressentir. Il va alors jusqu’à reproduire lui-même l’accident de son fils quasi à l’identique et se rend compte que la trajectoire suivie par sa voiture avant de tomber dans le précipice n’est pas cohérente, ce qui le pousse, du coup, à croire aux allégations avancées par Diane. Il se laisse alors embarquer dans une quête de vérité rocambolesque par une fervente militante, engagée elle-même, dans une vendetta personnelle. Trop englué dans sa douleur, Kraft se fait manipuler sans même en prendre conscience.


Le mari de Diane est mort d’une crise cardiaque depuis un certain temps mais elle n’arrive toujours pas à faire son deuil et à passer à autre chose. Elle n’est désormais plus animée que par un sentiment de vengeance et pour justifier ses actes inconsidérés, elle s’enferre dans une soi-disant “théorie du complot”. C’est un personnage borderline qui a déjà dépassé le point de non-retour et même ses autres collègues altermondialistes ne l’approuvent pas. Comme elle n’arrive plus à mener son combat toute seule, elle n’hésite pas à entraîner Kraft avec elle dans une inexorable fuite en avant. Ces deux “écorchés vifs” partent alors en croisade dans un combat perdu d’avance et entrent en résistance en passant dans la clandestinité.

Le problème du film, c’est qu’il fait sans cesse le grand écart entre un drame humain, convaincant et rempli d’émotion, sur ce père déchiré par douleur suite à la mort brutale de son fils et un pseudo thriller parano focalisé sur les dérives douteuses de l’industrie pharmaceutique, bien plus soucieuse en réalité d’accroître les bénéfices de ses actionnaires que de se préoccuper vraiment de la santé de ses clients les plus défavorisés de par le monde. Cet aspect-là du scénario, qui enchaîne tout à la fois courses-poursuites, bastons et fusillades à un rythme assez effréné, ne fait malheureusement qu’enfoncer des portes ouvertes puisque, de toute façon, la dénonciation d’un scandale n’a jamais empêché le moins du monde un autre de démarrer ailleurs. Si on ne peut que saluer l’implication totale du tandem d’acteurs dans leurs rôles respectifs, il n’en reste pas moins qu’on a bien du mal à occulter les invraisemblances du scénario (plus particulièrement dans la dernière partie qui se déroule à Davos). Sur ce créneau-là, The Constant Gardener était nettement plus convaincant.

Le Nouveau Protocole

Réalisation : Thomas Vincent

Avec : Clovis Cornillac, Marie-Josée Croze, Dominique Reymond, Stéphane Hillel, Gilles Cohen.

Sortie le 19 mars 2008

Durée : 1 h 35

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