Livre d'Eli (Le)
Il était une “foi ” dans l’Ouest
Hors-la-loi
L’action se déroule dans un futur pas si lointain mais non précisé explicitement, 30 ans après qu’une terrible guerre ait ravagé notre monde. Peu de personnes ont survécu à ce terrible cataclysme dont, une fois encore, le spectateur ignore tout de son origine. Villes en ruines, autoroutes détruites, vastes étendues désertiques et brûlées par les UV qui percent la couche d’ozone : la civilisation, telle que nous l’avons connue, n’existe plus et les survivants ont été contraints de retourner à un mode de vie primitif. C’est la loi du plus fort qui règne désormais dans ce nouveau monde où tout manque (l’eau, la nourriture, les vêtements, les ressources naturelles, etc.). Les rares rescapés sont prêts à tout pour survivre y compris à commettre les pires exactions vis-à-vis de leurs congénères. C’est dans ce contexte spécifique qu’on suit le parcours, semé d’embûches, du vaillant héros : Eli, une sorte de guerrier à l’attitude zen mais restant toujours sur le qui-vive qui, lui aussi, est prêt à tout pour défendre le mystérieux Livre qu’il détient et chérit depuis 30 ans. Se sentant investi d’une mission, il se tient à l’écart des autres et ne dévie de sa route que pour porter, occasionnellement, secours à la veuve et à l’orphelin (et encore pas toujours). Il se montre intraitable vis-à-vis de tous ceux qui ont l’arrogance de vouloir l’empêcher de mener à bien sa mission. Les choses se compliquent lorsqu’il débarque dans une petite ville gouvernée d’une poigne de fer par Carnegie, un despote qui recherche depuis des années le fameux Livre qu’il possède. Obsédé par sa volonté de reconstruire un monde dont il serait le Maître absolu, le but de Carnegie est de se servir du Livre pour asservir le reste de la population.
L’épreuve de force
Le Livre d’Eli est une série B post-apocalyptique décomplexée, sorte de croisement hybride entre la saga des Mad Max et les westerns spaghettis (bagarre sanglante dans un bar aux allures de saloon, affrontement dans les rues de la ville, achat de divers objets de 1ère nécessité dans l’unique magasin de la ville), revu et corrigé à la mode chambara (Eli combat souvent ses ennemis en se servant d’une espèce de machette qu’il manie comme un samouraï le fait avec son katana). Ce film d’action, pur et dur, comporte moult affrontements particulièrement sanglants entre Eli et ceux qui ont l’outrecuidance de se mettre en travers de sa route (comme la scène de l’assaut épique et carrément surréaliste d’une ferme isolée, tournée dans un plan-séquence dévastateur), sur lequel a été greffé un discours philosophico-mystique particulièrement appuyé au travers du personnage du héros qui est ici un impitoyable guerrier (en quelque sorte “élu”) investi d’une “mission” quasi divine.
Très 1er degré et particulièrement manichéen, le scénario (qui comprend, par ailleurs, son lot d’invraisemblances) se résume à un simple pitch et se termine par un twist frôlant quasiment le ridicule. Son contenu reprend bon nombre des éléments déjà présents dans La Route, tant dans le fond (le contexte post-apocalyptique, l’extrême dénuement des survivants qui sont devenus cannibales, les bandes de tueurs sans foi ni loi qui s’attaquent aux gens et sèment la terreur, etc.) que dans la forme (étendues désertiques et ravagées par un cataclysme à l’échelle planétaire, utilisation de couleurs désaturées). L’ensemble de l’intrigue repose ici entièrement sur les épaules (musclées) du toujours talentueux Denzel Washington dans le rôle du “poor lonesome cow-boy” de ce monde post-apocalyptique et sur son affrontement (tant physique qu’intellectuel) avec le “bad guy” de service, incarné par Gary Oldman.
Le Livre D’Eli
Réalisation : Allen et Albert Hughes
Avec : Denzel Washington, Gary Oldman, Mila Kunis, Ray Stevenson, Jennifer Beals, Frances de la Tour, Michael Gambon
Sortie le 20 janvier 2010
Durée : 1 h 49