Goût du pain brûlé (Le)

Auteur / Scénariste: 

Que faire lorsque sa vie s’écroule, ou plutôt son semblant de vie, et lorsque la seule personne qui en justifie l’existence, mieux, qui l’excuse, vient à disparaître ? C’est la question que se pose Elias Guérin, médecin urgentiste, entre misanthropie et alexithymie. Alors qu’il assure une de ses nombreuses gardes hospitalières, il découvre par un flash télévisé que l’avion qui transportait sa femme s’est écrasé. Les informations arrivent au compte-goutte. Elias formait avec elle un couple étrange, se contentant presque de savoir que l’autre existe pour vivre. Elle, de nationalité allemande, a gardé des liens avec sa famille alors que lui n’avait plus personne. Il va devoir apprendre à se créer une nouvelle existence, trouver la force d’avancer, peut-être grâce à Sofia, une infirmière aux airs de dame patronnesse assez rude, mariée deux enfants, qui va le pousser à se battre.

Partant d’un fait divers atroce survenu en 2015, le crash du vol de la Germanwings qui a fait 150 victimes, l’auteur écrit un véritable roman sur l’acception du deuil, la résilience, loin, très loin de ce qu’il nous avait habitué à raconter. Une véritable mise en abyme de l’âme humaine, un personnage psychologiquement très fouillé en la personne de Guérin, à qui pas grand-chose n’est épargné.

On est plus près d’un Claude Sautet que d’un Albert Simonin. Un tour de force puisque le lecteur finit par éprouver de l’empathie pour un personnage qui au départ n’en sollicite guère de la part d’autrui. Finalement, c’est au détour d’un kidnapping et d’une obligation de soins à des bandits que Guérin trouvera peut-être la porte vers sa renaissance.

Petite nouveauté également, une légère, très légère touche de fantastique vient émailler la vie du médecin après le drame, mais ne vous y trompez pas : Le goût du pain brûlé est avant tout un puissant roman dramatique. Un ouvrage d’un auteur qui bien qu’il s’en défende, est finalement plus pluriel, et qui mériterait qu’une bonne fée de l’édition se penche enfin sérieusement sur son cas.

Un grand merci à l’auteur qui demeure un de mes préférés.

 

Le goût du pain brûlé, Pierre Ravenne, autoédition Friends Only, 2022

Type: