Le dernier maître de l'air

Réalisateur: 

Autant en emporte le vent



Réincarnations

Dans des temps très anciens, la paix et l’harmonie régnaient entre les quatre Nations : la tribu de l’Eau, le Royaume de la Terre, la Nation du Feu et les Nomades de l’Air. Au sein de chacune d’elles, il y avait des Maîtres ayant la capacité de manipuler celui des quatre éléments fondamentaux leur correspondant grâce à la parfaite maîtrise d’une discipline, à mi-chemin entre la magie et les arts martiaux qui nécessitait de longues années d’apprentissage et d’entraînement. A chaque génération, c’est dans un nouveau-né de l’une des quatre Nations que se réincarne l’Avatar, le seul être humain capable de contrôler les quatre éléments. Ce dernier possède également la faculté de pouvoir combiner ses propres aptitudes à l’ensemble des connaissances acquises par tous ses prédécesseurs au cours de leurs vies passées. Sa mission consiste à veiller au maintien de l’équilibre du Monde.


On retrouve donc ici le sempiternel thème du jeune “Élu” (à l’instar de bien d’autres personnages tels que Luke Skywalker, Frodon, Neo, etc.) qui ignorait jusqu’alors tout de son statut et est amené, bien malgré lui, à sauver le Monde après avoir accepté d’accomplir sa destinée. Pour y arriver, il doit préalablement suivre un rude apprentissage avant d’être en mesure de pouvoir combattre les Forces du Mal avec l’aide (voire même souvent le sacrifice) d’une poignée de compagnons qui vont se joindre à lui afin de tenter de sauver le Monde de la destruction totale.

Antarctica, prisonniers du froid

Le jeune Aang est un Nomade de l’Air, âgé d’à peine 12 ans, lorsqu’on lui annonce qu’il est l’Avatar mais il n’arrive pas à y croire et, pris de panique devant une si grande responsabilité qu’il se refuse à endosser, il préfère s’enfuir de chez lui. Peu de temps après, il se retrouve prisonnier à l’intérieur d’un iceberg. L’Avatar n’étant plus là, la destinée du Monde en est fortement bouleversée. La belliqueuse Nation du Feu en profite alors pour déclarer une guerre sans merci aux trois autres peuples et pour étendre son hégémonie sur le monde entier.


Il s’est déjà écoulé un siècle depuis la disparition inexpliquée de l’Avatar lorsque ce dernier est, par hasard, libéré de sa prison de glace par la jeune Katara (qui est un Maître de l’Eau encore novice) et son frère Sokka, tous deux membres de la Tribu de l’Eau du Pôle Sud. Lorsqu’Aang prend conscience que tous ses proches sont morts depuis bien longtemps après avoir été massacrés par les guerriers de la Nation du Feu, il finit enfin par accepter son destin d’Avatar mais il lui faudra tout d’abord apprendre à parfaitement maîtriser les quatre éléments s’il veut être, un jour, en mesure de pouvoir affronter Ozai, le Seigneur du Feu. De son côté Zuko, le fils d’Ozai, qui a été banni du Royaume par son père, est prêt à tout pour prouver sa bravoure et rentrer dans ses bonnes grâces.

L’art de la guerre

La série animée américaine originelle, qui a investi le petit écran l’espace de trois saisons, était dès le départ très inspirée par les mangas et autres animes japonais. Du coup, on retrouve ici aussi l’influence asiatique, tant dans le fond que dans la forme, et le scénario mélange de très (voire trop) nombreux “éléments” comme la pratique de divers arts martiaux, des légendes japonaises et chinoises, la culture asiatique et autres philosophies orientales (hindouisme, taoïsme, bouddhisme). C’est ainsi que les soldats de la Nation du Feu ont un look moyen-oriental, indien, méditerranéen ou italien, que les enfants et les adultes du Royaume de la Terre ont un look africain ou asiatique (coréen, japonais, mongol) tandis que les tribus de l’Eau affichent un physique anglo-saxon.
Il en va de même en ce qui concerne les diverses scènes d’action comportant moult cascades ainsi que de nombreux combats faisant appel à diverses techniques d’arts martiaux qui associent quatre types différents de Wushu (le Tai Chi, le Kung Fu Shaolin, le Baguazhang et le Hung Ga) correspondant respectivement à la maîtrise de l’Eau, du Feu, de l’Air et de la Terre. Le problème, c’est que cette quête effrénée d’universalité et de spiritualité, à forte connotation écolo, produit malheureusement exactement l’effet inverse à celui visiblement recherché par Shyamalan d’autant plus qu’on a bien trop souvent l’impression d’être dans une sorte de compilation d’autres films pour enfants sortis plus ou moins récemment.

En outre, l’Avatar se réincarnant systématiquement après sa mort dans un nouvel enfant appartenant à l’une des quatre Nations, ses ennemis préfèrent le capturer et l’emprisonner toute sa vie durant plutôt que de le tuer. Partant de ce principe, il ne risque donc, en réalité, pas grand chose tout au long de son existence puisque sa vie n’est jamais vraiment mise en danger, en dehors du fait qu’il peut, bien évidemment, toujours être victime d’un malencontreux accident. Du coup, le spectateur regarde d’un œil distrait ses périlleuses aventures sans éprouver la moindre empathie vis-à-vis d’un personnage qui va s’en sortir, quoi qu’il arrive, et ce même si le jeune Noah Ringer qui l’incarne s’en sort de manière très honorable pour sa 1ère apparition à l’écran.

Phénomènes


L’intrigue se déroule dans une multitude de décors différents puisque chacune des quatre Nations a sa propre culture : architecture (la forteresse de la Tribu Nordique de l’Eau qui est censée être taillée dans la glace, le village rustique de la Nation de la Terre avec ses habitations construites en rondins venus de la forêt voisine…), mode de vie, us et coutumes…

Par ailleurs, le film regorge d’une pléthore d’effets spéciaux qui ont été conçus par ILM : ceux liés à la maîtrise des quatre éléments (explosions, boules de feu, torches enflammées, braises et débris fumants, projection de pierres, simulations de vents violents et de trombes d’eau…) ou encore à la création d’une ménagerie fantastique (Apa le bison volant doté de 6 pattes et mesurant 5 m de haut par 4 m de large, le Rhino Kimodno mesurant 10 m sur 6 m, Momo le glouton lémur volant ou encore l’Esprit du Dragon qui apparaît de temps en temps auprès d’Aang et lui sert de guide).

Malgré la bonne volonté évidente de l’ensemble du casting et l’investissement que chacun de ses membres a mis dans l’interprétation de leurs rôles respectifs, le spectateur a bien du mal à s’intéresser au destin des divers protagonistes de cette quête initiatique, se présentant sous la forme d’une épopée fantastique, et à éprouver la moindre empathie à leur égard.
Du coup, on a juste l’impression d’assister à un enchaînement de scènes sans grand intérêt au cours desquelles on suit le périple mouvementé des principaux protagonistes de l’histoire, le tout étant parfois entrecoupé de plusieurs flash-back afin de nous apporter diverses informations complémentaires sur le passé de tel ou tel personnage. Pour ne rien arranger, le film a été initialement conçu puis tourné en 2D avant d’être converti par la suite en 3D et le résultat final s’en ressent fortement car non seulement la 3D n’apporte pas grand chose au récit en tant que tel mais surtout elle affadit grandement toutes les couleurs d’origine. Au final, il ne reste alors plus dans nos mémoires que les divers combats et entraînements d’arts martiaux ainsi que la multitude d’effets spéciaux. Par ailleurs, le film se termine de façon bien trop abrupte ce qui s’explique par le fait qu’il a été conçu comme étant uniquement l’adaptation cinématographique du Livre I de la série animée (centré sur le thème de l’Eau) et donc, en principe, le 1er volet d’une éventuelle trilogie si le succès est au rendez-vous.

Le Dernier Maître De L’Air

Réalisation : M. Night Shyamalan

Avec : Noah Ringer, Dev Patel, Nicola Peltz, Jackson Rathbone, Shaun Toub, Aasif Mandvi, Cliff Curtis, Seychelle Gabriel.

Sortie le 28 juillet 2010

Durée : 1 h 43

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