Autre côté du paradis (L')

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Une odeur d’herbe humide, la fraîcheur sous son dos, au gazouillis léger de quelques oiseaux, Fany s’éveille au milieu de nulle part.

Pétillante et intuitive, la jeune femme est profondément humaine dans ses doutes, ses craintes et ses paradoxes. La voici debout. Hésitante, intriguée, elle ose le premier pas qui va l’engager sur une voie sans retour possible.

Persuadée de rêver, elle entame le voyage insolite…

Très vite, les rencontres bouleversantes s’enchaînent, l’aventure se pimente et ce périple prend rapidement des allures trépidantes et engagées.

L’amour, la passion, l’aventure, les sentiments complexes qui nous rendent si intensément vivants vont faire de ce voyage surprenant un chemin initiatique.

À la suite de Fany, ferez-vous le vôtre ?


Je n'ai dans l'ensemble pas du tout accroché à ce roman.

Je précise d'ailleurs que ce dernier est totalement inadapté au format numérique, format sous lequel il m'a été envoyé. Cela rend la lecture assez désagréable.

Ensuite, plusieurs points m'ont dérangée à la lecture de ce livre.

L'ensemble de ce récit s'inspire des thérapies basées sur relaxation, méditation et pleine conscience : en ce sens, c'est plutôt bien fait.

Le problème principal réside, selon moi, dans la tentative de l'auteur de décrire le paradis, ce qui s'avère particulièrement ardu car la notion du monde idéal varie selon les personnalités, et je ne me suis pas du tout reconnue dans celui-là...

Le monde des bisounours présenté dans ce livre ne m'a pas du tout convaincue et pour tout dire, je l'ai même trouvé un peu effrayant (j'ai d'ailleurs toujours trouvé que le monde des bisounours faisait peur : la perfection est d'un ennui mortel...).

Dans ce monde idéal, par exemple, tout le monde cohabite en parfaite harmonie, en partie grâce à la communion des émotions et des pensées... ce qui ne me fait pas du tout fantasmer : l'idée que n'importe qui puisse savoir ce que je ressens et ce que je pense aurait plutôt tendance à me faire fuir à toutes jambes...

Autre exemple : revient souvent l'idée que chacun est là pour suivre un chemin tout tracé et que son destin l'attend quelque part... En conséquence aucune place n'est laissée à la surprise : ce monde m'a semblé monotone et répétitif, bref tout sauf parfait.

Mais ce n'est qu'un point de vue très personnel, et bien sûr d'autres lecteurs pourraient être séduits par ce type d'univers.

 

En revanche, j'ai trouvé qu'il y avait plusieurs incohérences dans la description de ce monde idéal.

Il faut par exemple, bien sûr, se "détacher du superficiel" : l’appartement du héros est nu et ne comporte ni babioles ni représentations. En lisant cela je suppose donc que l'art est banni de cet univers (qui dit pas de babioles ni de représentations dit pas de sculptures, d'objets d'arts, de peintures et de photos), mais oh surprise, la musique est en revanche tout à fait présente et encouragée. Je n'ai donc pas compris pourquoi on pourrait apprécier un morceau et pas un tableau ou une sculpture...

Les habitants de cet univers sont également décrits comme beaux selon nos stéréotypes (Ismaël, le héros de l'histoire, est d'ailleurs physiquement parfait : on n'est pas superficiel mais quand même...), vivant plus vieux en ayant l'air plus jeune, ce qui se rapproche plus selon moi des fantasmes actuels de jeunesse éternelle et de chirurgie esthétique que d'un retour à notre nature profonde, qui impliquerait au contraire d'accepter pleinement la vie dans son essence même : la naissance, l'adolescence et l'âge adulte mais aussi la vieillesse et la mort.

Je trouve également toujours bizarre le nombre de gens qui prônent une certaine communion avec la nature tout en niant celle de l'homme : ici la part belle est faite au calme, à la patience et à la tempérance que ce soit sur le plan sexuel, alimentaire ou émotionnel. Ce qui est à des lieues de notre véritable nature animale, puisque les émotions sont fondamentales  à notre survie. Par ailleurs l'être humain est omnivore, et s'il peut survivre très bien avec régime végétarien, avec des biscottes et des graines c'est plus compliqué (ou alors notre corps aurait évolué différemment). 

L'idée de la nature divine de l'être humain est aussi très présente : les animaux sont respectés mais on garde toujours cette notion de supériorité humaine... Une fois de plus qu'en est-il de notre place au sein du règne animal, à l'heure où le propre de l'homme est de plus en plus remis en question par la science ? 

 

Enfin j'ai trouvé que les personnages n'étaient pas très crédibles : ils sont tous "trop" ou "pas assez". La mère est totalement dépressive, le petit copain tellement ennuyant qu'on se demande pourquoi ils sont ensemble (il est d'ailleurs sensé être très rationnel mais bien sûr accepte très facilement l'idée d'un monde parallèle), le voisin si parfait qu'on se demande pourquoi Fany n'est pas avec etc... 


En conclusion, je suis passée totalement à côté de ce livre.

J'ai fini par me perdre dans ce délire de bisounours. Au bout de la énième répétition de "c'est un monde parfait, l'homme va finir par s'élever,etc.", j'ai fini par lâcher prise.

Il y a aussi une tendance très irritante à prétendre tout au long du roman que si on a peur ou qu'on rejette tout ça, c'est parce qu'on n'a pas vraiment compris ou que l'on n'est pas encore prêt. Ce genre de tendance est très pratique : tout comme le déni dans la psychanalyse, il permet d'avoir toujours raison, que la personne en face de vous soit d'accord ou pas. 

 

Reste que ce genre d'idéal ne peut pas faire de mal et que certains s'y reconnaîtront sans doute plus que moi.

Je précise aussi que si je ne me trompe pas, les éditions Persée éditent à compte d'auteur... ceci explique peut-être cela.

 

L'autre côté du paradis, de Yannick Badot, aux étidions Persée 

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