Larmes des cigognes (les)
L’auteur, Lawren Schneider (interview ici)
Né à Strasbourg en 1971, passionné de musique, clarinettiste et organiste. Ses premiers écrits sont des paroles de chansons et quelques nouvelles.Sa vie professionnelle démarre par la vente de pianos puis d'autres instruments de musique de prestige. C'est l'occasion de voyages à travers la France, de rencontres improbables, de concerts de musique classique ou de bœuf jazz.A partir de 1998, il change de monde professionnel pour entamer une carrière dans l'industrie du bâtiment où il exerce toujours en tant que Directeur des ventes.L'héritage de Lizie est son premier roman, autoédité en juin 2015.
Il est des rencontres littéraires qui ont émerveillé ma vie de lectrice... Je ne parlerai pas des anciennes... Je ne parlerai que des récentes, des découvertes des auteurs auto édités et depuis 2 ans, j'ai eu 2 impressionnants coups de coeur. Les larmes des cigognes de Lawren Schneider est le troisième.
Comme ce retour est difficile... difficile de parler d'une telle révélation sans s'égarer. Difficile aussi car le sujet est pour moi doublement poignant.
Quand je suis entrée dans ce récit, j'ai su immédiatement que je tenais le roman que j'attendais depuis des mois, celui qui me remuerait les tripes, m'embarquerait et me bouleverserait.Le thème des "malgré nous " est un sujet qui me tient à coeur : je suis Limousine non de naissance mais de racines. Chez nous en Limousin, la division Das Reich, c'est les pendus de Tulle (99 innocents pendus dans les rues en représailles d'une attaque des résistants) et surtout Oradour-Sur-Glane... (642 victimes femmes, enfants, hommes mitraillés, brûlés voire brûlés vifs). Or la Das Reich, c'est une unité dans laquelle avaient été enrôlés des "malgré nous"... Les "malgré nous" sont ces Alsaciens et Mosellans qui furent intégrés dans la Wehrmacht ou dans la Waffen SS car considérés comme Allemands alors que pour beaucoup, ils se sentaient Français... Le roman de Lawren Schneider extrêmement documenté nous permet de comprendre un peu mieux ces hommes coupés entre deux pays, traîtres pour tous finalement.
La deuxième raison pour laquelle ce roman me touche c'est que l'un des héros, Louis, va se retrouver prisonnier à Tambov, camp soviétique de prisonniers allemands. Mes autres racines sont russes et Lawren Schneider aborde ici un pan de la Seconde Guerre mondiale dont on parle peu : la survivance dans ces camps russes où régnait l'horreur absolue.
L'autre force de l'auteur est qu'il sait nous tenir en haleine de la première ligne à la dernière. On ne s'ennuie pas une seule seconde. C'est redoutable, ce roman à tiroir - puisque s'entremêlent deux histoires - est parfaitement mené. On se passionne autant pour le récit de Louis que pour celui de Chris qui pourtant nous invitent dans deux univers distincts... Petits veinards, vous croyez avoir acheté un roman, c'est un peu comme si vous en aviez deux...
Pour ceux qui redoutent le fantastique, ne vous arrêtez pas à ça : le propos fantastique est facile à occulter, ceux qui aiment seront aux anges. Lire ce roman, c'est prendre une claque si puissante que vous aurez du mal à passer à autre chose.
Les cigognes ont pleuré et pleurent encore et de chez nous en Limousin. On les a entendues, pas toujours comprises mais entendues.
Les larmes des cigognes par Lawren Schneider, Black Tailor