La planète des singes par Pierre Boulle

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La planète des singes est le roman culte de Pierre Boulle, plus encore que Le pont de la rivière Kwaï. Ecrit en 1963, il y a 50 ans déjà, il fait partie de ces œuvres au succès planétaire dont tout le monde a déjà entendu parler sans même le lire ni en voir l’une des multiples adaptations cinématographiques.

Dans le roman, une expédition, composée du Professeur Antelle, de son second Arthur Levain et du journaliste Ulysse Mérou, se dirige vers le système planétaire de l’étoile Bételgeuse. Des traces de civilisations, telles que des routes et agglomérations, sont visibles à la surface de celle-ci. Leur curiosité scientifique leur fera rencontrer les maîtres de la planète essentiellement répartis en trois espèces simiesques : gorilles, chimpanzés et orangs-outangs. Leurs surprise ne fera que croître lorsqu’ils s’apercevront que l’espèce humaine est également présente dans cette civilisation. Peu évoluée, ses représentants sont relégués au rang d’esclaves, de cobayes pour les expériences scientifiques voire même de trophée de chasse. Nous suivrons donc les aventures de Ulysse Mérou qui sera fait prisonnier et fera la connaissance de deux chimpanzés, Zira et Cornélius, qui le prendront sous leur protection. Ulysse trouvera l’amour en la personne de Nova, une jeune captive, qui lui donnera un fils : Sirius.


Le roman, écrit dans un style simple et efficace, foisonne d’idées. Cependant, le côté le plus jouissif est le regard que porte l’auteur sur notre société, comme le ferait un observateur extérieur. Les lignes majeures de la société humaine sont soulignées et caricaturées à merveille dans ce roman. Que ce soit le mépris dont fait preuve l’homme vis-à-vis des espèces inférieures, les dérives d’ordre politique et religieux, tout cela laisse au lecteur un arrière-goût de déjà vu, de déjà vécu. C’est dans cet aspect quelque peu dérangeant que réside la grande force du roman, qui n’est pas très long. Un certain humour est présent tout au long de l’œuvre à travers certaines scènes telles que les singes faisant du golf, pour ne citer qu’elle. Et la scène finale, que je tairai pour garder la surprise au cas où vous ne l’auriez pas lu, est une sorte de mise en abime cauchemardesque, renvoyant l’homme à ses propres démons. Magistral !

Le roman a fait l’objet de plusieurs adaptations cinématographiques avec des bonheurs différents. Qui ne se rappelle pas du premier opus interprété à merveille par Charlton Heston ? Dans les films, seuls le concept de base et quelques grandes lignes ont été respectés. Par exemple, dans le deuxième volet de la série, plus encore que dans son prédécesseur, le réalisateur fait clairement référence à la grande peur américaine de l’époque : la catastrophe nucléaire et les radiations. Comment ne pas sourire face aux adorateurs de la bombe ? Cinq volets seront tournés d’affilée et feront référence à différents passages de l’œuvre avec cependant quelques digressions pour les besoins des films.


Plus proche de nous, le génial Tim Burton a fait son propre remake de l’œuvre de Pierre Boulle. C’est peut-être bien ce film qui respecte le plus l’œuvre originelle en ce sens qu’elle se déroule sur une autre planète mais il est, selon moi, loin d’atteindre le niveau d’excellence de l’original en dépit d’effets spéciaux convaincants.

En 2011, un nouveau film destiné à relancer la franchise voit le jour : La planète des singes – Les origines. Il se veut la préquelle au roman en se penchant sur l’origine de l’intelligence des singes. Œuvre ambitieuse et de qualité, elle a séduit aussi bien le public que les admirateurs du roman de Pierre Boulle. A épingler que sa suite est prévue pour 2014.

Il est à noter que, suite au succès du film, une série télévisée de 14 épisodes a également vu le jour dans les années septante. D’un intérêt plus que dispensable, elle mettait en scène des humains doués de parole et de raison, contrairement au roman.

Un dessin animé, Retour à la planète des singes, est sorti en 1975.
La planète des singes a été également décliné en bandes dessinées à de multiples reprises ! Entre 1977 et 1978, 19 BD verront le jour auprès des éditions LUG/Semic, filière francophone de Marvel, responsables des mythiques parutions de Strange, Titans ou encore Nova.


La relève a été assurée par Dark Horse suite à la sortie du film de Burton.
En 2012, une autre adaptation en BD prend la forme d’une trilogie sous la houlette du talentueux Daryl Gregory (nominé pour le Philip K. Dick Award avec The Devil’s alphabet) au scénario et Carlos Magno au graphisme.

Un roman incroyable, un univers riche qui traverse les années sans prendre une ride et qui séduit toutes les générations.

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