Là où se croisent quatre chemins

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Au nord de la Finlande, un village perdu au cœur de la taïga voit se nouer le destin d’une famille. Tout commence en 1895 avec Maria, qui élève seule sa fille et à qui la profession de sage-femme assure une certaine indépendance. Dans l’ombre de sa mère, Lahja cherche quant à elle à s’affirmer en réalisant son rêve : fonder un foyer. Mais Onni, l’homme qu’elle a choisi, revenu de la guerre en héros, cache un secret qui compromet toute promesse de bonheur. Des décennies plus tard, en s’installant dans la maison familiale, Kaarina, leur belle-fille, va faire tomber silences et non-dits transmis de génération en génération...

 

J’ai bien aimé ce livre dans l’ensemble, même si quelques points m’ont un peu dérangée.

 

On rentre très vite dans le vif de l’action.

Passée l’introduction, le premier chapitre nous immerge immédiatement dans cette Finlande de la fin du dix-neuvième, auprès de cette jeune sage-femme tout juste diplômée qui se voit confrontée à un accouchement compliqué.

Cette première scène est haletante et extrêmement marquante, j’ai tout de suite été happée par l’histoire et ne pouvais plus décrocher mes yeux du livre. Même si cela s’est un peu moins senti par la suite, j’ai trouvé que dans l’ensemble le livre se lisait très bien et rapidement, sans qu’il y ait pour autant de facilités.

 

La chronologie est en revanche un peu particulière, car on suit l’histoire de quatre personnages pour chacun desquels un chapitre correspond à une année. Une partie est consacrée à chaque personnage, en conséquence les années se croisent et se décroisent en fonction des parties, d’autant qu’entre chaque chapitre, il peut s’écouler plusieurs années. J’ai souvent dû retourner en arrière pour me remémorer ce qui était arrivé à qui en quelle année, afin de pouvoir recontexualiser le chapitre.

 

Le parti pris d’écrire un roman chorale est intéressant mais aurait pu, je pense, être exploité davantage : j’ai été frustrée par le peu d’ouverture que laisse l’auteur sur l’esprit de ses personnages.

En ce sens, Là où quatre chemins se croisent est typiquement finlandais et retranscrit bien la réserve des habitants de ce pays nordique : en Finlande, on parle peu, et ce roman se construit sur les non-dits et les sous-entendus. C’est habilement fait mais cela m’a cependant dérangée pour deux raisons.

Tout d’abord, j’ai eu énormément de mal à m’attacher aux personnages, que j’ai tous trouvés assez agaçants. Au vu des événements que les uns et les autres ont traversés, je comprends pourtant leurs réactions et leur façon de faire, mais il m’a manqué un peu de psychologie pour lier ces événements les uns aux autres et permettre d’expliciter un peu plus les différents états d’esprit que présente ce livre, le cheminement intellectuel et émotionnel de chacun. Or tout cela n’est jamais que sous-entendu.

Deuxièmement, il m’a semblé que l’auteur montrait une certaine paresse à parler des choses importantes. Je comprends le parti pris de montrer des moments de vie des uns et des autres, et je le trouve intéressant. Mais à plusieurs moments j’ai vraiment senti que l’auteur refusait d’aborder une situation, de nous décrire une discussion ou un événement clef, ce qui m’aurait pourtant aidée à entrer davantage dans le livre et dans les personnages.

 

Par ailleurs j’ai bien aimé l’histoire du livre.

Habituellement, je n’aime pas beaucoup les romans « historiques », mais ici l’histoire n’est présente qu’en arrière-plan.

Elle a pourtant son importance car certains sujets traités sont très dépendants du contexte, tels que l’homosexualité ou la difficulté d’être une femme. Ces thèmes sont abordés d’une façon intéressante et soulèvent des enjeux et des questions qui sont toujours d’actualité.

Enfin il y a quelque chose de touchant dans cette saga familiale où chacun essaye de faire de son mieux sans vraiment y parvenir, parce que la société de l’époque laisse trop peu de marge de manœuvre.

Le roman se déroulant en Finlande, cela m’a permis d’en savoir un peu plus sur l’histoire de ce pays et l’évolution de certains sujets de société, ce que j’ai apprécié.

 

Malgré quelques éléments qui m’ont un peu dérangée, j’ai bien aimé ce livre qui m’a permis d’en savoir un peu plus sur la Finlande et son état d’esprit et propose une histoire attachante.

 

Là où se croisent quatre chemains, par Tommi Kinnunen, conception graphique par Philippe Narcisse, traduit par Claire Saint-Germain, Editions Albin Michel, 22€

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