Route (La)
Jamais sans mon fils
Les sentiers de la perdition
Cela fait maintenant un peu plus de 10 ans que le monde a explosé. Personne ne sait exactement ce qui s’est passé. Ceux qui ont survécu se souviennent juste d’un énorme éclair aveuglant suivi d’un gigantesque incendie puis plus rien : plus d’énergie, plus de communication, plus de végétation, plus de nourriture. Depuis ce jour funeste, les derniers survivants rôdent dans un monde dévasté et recouvert de cendres qui n’est plus que l’ombre de ce qu’il fut.
C’est dans ce paysage post-apocalyptique qu’un père et son fils (qui naquit juste peu de temps la catastrophe et n’a donc jamais connu l’ancien monde) se déplacent en poussant devant eux un caddy rempli d’objets hétéroclites rassemblant le peu de qu’ils ont pu sauver et qu’ils doivent impérativement protéger. Ils tentent de rallier à pied l’océan en espérant y trouver peut-être la promesse d’un avenir meilleur.
Alors qu’ils progressent péniblement sur une ancienne autoroute, le père se souvient avec nostalgie de sa vie passée aux côtés de sa femme qu’il aimait énormément mais qui a préféré mettre fin à ses jours peu de temps après la catastrophe plutôt que de continuer à tenter de survivre dans de telles conditions. Dès lors, il s’est donné pour mission de protéger son fils envers et contre tout. Durant leur long et périlleux périple, ils vont faire diverses rencontres, dangereuses et fascinantes, au cours desquelles le jeune garçon va découvrir les vestiges de ce que fut la civilisation d’avant la catastrophe. Même si le père n’a plus vraiment ni but, ni espoir, il s’efforce toutefois de rester debout et d’aller de l’avant pour celui qui est désormais sa seule raison de vivre tout en s’ingéniant à continuer de lui inculquer des valeurs.
Cannibal holocaust
Cet harassant voyage se déroule dans les pires conditions car, au fil des ans, l’humanité est retournée à la barbarie : vols, viols, cruauté gratuite et cannibalisme font désormais partie du quotidien des rares survivants dont certains d’entre eux n’hésitent même pas à séquestrer plusieurs de leurs congénères au fond d’une cave pour les élever comme du vulgaire bétail afin de s’en repaître le moment venu. Le père et le fils sont en piteux état car ils sont en proie à un stress permanent en raison de la nécessité de rester constamment sur le qui-vive afin d’éviter les exactions d’autres groupes de survivants prêts à tout pour les dépouiller de leurs rares biens (voire bien pire) ainsi qu’à l’épuisement résultant du cumul de leurs longues marches dans des conditions climatiques extrêmes et de la malnutrition dont ils souffrent.
Les chemins de la dignité
La Route est un road movie horrifique intimiste doublé d’une émouvante histoire d’amour entre un père et son fils dont l’action se déroule dans un monde post-apocalyptique plongé dans une quasi obscurité ainsi qu’un froid constant (car privé de la lumière et de la chaleur du soleil) et où le cannibalisme est devenu monnaie courante pour survivre en raison de la pénurie de nourriture. La Route
Au fil des terrifiantes rencontres parsemant leur interminable périple, le père perd, peu à peu, à son tour son humanité à force de vouloir protéger son fils à tout prix mais il parvient toutefois à la préserver grâce à la bonté naturelle et à l’innocence pas encore complètement perdue de son gamin qui finit par le ramener dans le droit chemin. Tout est axé autour des angoisses du père qui tente d’inculquer à son fils des valeurs d’un autre temps et est terrifié à l’idée de devoir laisser un jour son fils seul face aux terribles dangers de ce nouveau monde dominé par la loi du plus fort.
On retrouve ici l’ambiance délétère du best-seller éponyme de Cormac McCarthy dont le film est adapté avec ses diverses interrogations métaphysiques sur les fondements de l’humanité ainsi que sur l’éternel instinct de survie qui nous habite, quelles que soient les circonstances.
Les décors sont extrêmement réalistes et le travail sur la photo (quasi absence de couleurs sauf lors des flash-back évoquant la vie heureuse vécue par le père avant la catastrophe) ne fait que renforcer un peu plus la sensation de désolation de cet environnement devenu extrêmement hostile (forêts calcinées, villes mises à sac, récoltes dévastées, animaux disparus, carcasses de véhicules endommagés jonchant les routes, …). Tout se focalise ici sur les relations père-fils qui reposent entièrement sur la prestation hors pair du tandem d’acteurs (Viggo Mortensen, Kodi Smit-McPhee). On regrettera toutefois le trop grand académisme de la mise en scène, certaines incrustations d’effets visuels trop visibles ainsi que quelques problèmes de raccords assez flagrants.
Réalisation : John Hillcoat
Avec : Viggo Mortensen, Kodi Smit-McPhee, Charlize Theron, Robert Duvall, Guy Pearce, Michael Kenneth Williams, Garrett Dillahunt, Molly Parker
Sortie le 2 décembre 2009
Durée : 1 h 53