Institut (L')

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Luke Ellis, 12 ans, jeune surdoué capable d’assimiler une foule d’informations autant mathématiques que physiques ou d’histoire, s’apprête à s’inscrire dans deux universités différentes afin de digérer deux cursus qui le passionnent. Malheureusement, une nuit, des inconnus entrent par effraction dans sa maison, tuent ses parents et l’enlèvent. Lorsqu’il se réveille, il se retrouve en lieu inconnu, en compagnie d’autres enfants surdoués commue lui, classés en TK (télé-kinésiques) et TP (Télépathes). L’établissement où il se trouve se nomme simplement « l’institut », et ceux qui le dirigent n’ont pour autre objectif que d’exploiter les capacités cérébrales de tous ces gamins, dans un seul but bien précis…

Lorsque j’ai lu en page 4 la comparaison avec Ça et Charlie (Firestarter) j’avoue avoir été perplexe. Les derniers romans du King m’avaient laissé un sentiment de « trop peu », ou j’avais été déçu de la fin. C’est le cas de Carnets noirs, de Docteur Sleep, mais surtout de l’Outsider qui était ma plus grosse déception depuis Dome.

Et puis arrive l’Institut, et finalement, j’ai été rassuré. Après plus d’une cinquantaine de romans, et à  73 ans, le King est toujours capable de nous épater, avec un récit plus compact, avec moins de longueurs que certains précédents. Par contre, si l’on retrouve le style de King, certains éléments m’ont paru changés. En particulier, l’empathie de l’auteur pour ses personnages. Le tout premier, Tim Jamieson, a un côté très Dale Barbara de Dome, auquel finalement on s’attache peu. Luke Ellis, un des héros malgré lui, parait par moment traverser l’histoire plutôt comme témoin que comme acteur. C’est plus du côté des personnages secondaires qu’il faut aller chercher la véritable force de ce roman. Le personnel de l’Institut, sans véritable émotion, est pour moi la grande réussite, je n’en avais rarement vu chez le King d’aussi durs, rêches, bruts de description, de ceux qu’on aime presque haïr et à qui l’on souhaite toutes les turpitudes possibles.

L’explication de l’enlèvement des enfants et de leur exploitation (certaines scènes sont assez dures à lire) est révélée en toute fin. Originale, elle fait se poser aux protagonistes une question morale assez étonnante chez Stephen King. Entre temps, nous aurons eu droit à une scène grandiloquente à la Charlie, effectivement, pas forcément la plus réussie, et qui louche un peu du côté des X-Men avec Magneto, et une conclusion qui elle louche du côté de Minority Report.

En définitive, si l’on excepte ces quelques petites réserves, l’Institut est pour moi un bon roman de Stephen King, largement supérieur par exemple à l’Outsider (du moins dans sa deuxième moitié). En tout cas, il donne largement envie de continuer à suivre l’auteur dans ses prochaines aventures.

L’institut - Stephen King - Albin Michel Editions, 2020

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