Oxana

Jeune écrivain belge, Frédéric Livyns vient de se voir honoré du Prix Masterton 2012 pour son recueil de nouvelles Les contes d’Amy, déjà très bien accueilli ici même.


Le voici à présent dans un roman, son cinquième d’après la bibliographie consultée sur son site http://phero.e-monsite.com/. Je serai, hélas, moins enthousiaste cette fois. Et pourtant, tout démarre très bien. Claudio est un petit orphelin, recueilli en Espagne par des bonnes soeurs, en pleine Seconde Guerre mondiale. Petit garçon timide et renfermé, parfois sujet aux brimades de ses camarades. L’atmosphère de l’institut où il vit est très bien décrite. Un beau jour, à l’orée de la forêt, il rencontre une petite fille, Oxana. Mystérieuse, elle semble se matérialiser tout à coup pour disparaître tout aussi soudainement. Elle l’emmène la nuit regarder les étoiles. Claudio, fasciné, ne pense plus qu’à elle. L’institut est situé près d’un village abandonné, interdit d’accès par les soeurs, et dont lui parle Oxana : son nom est Ochate, qui signifie “porte vers le haut”. Elle l’emmène déterrer un mystérieux coffret, tout en promettant de lui révéler le secret de ses origines, ce que Claudio, éperdu, attend désespérément. Ce médaillon contient une clé. Clé pour un monde nouveau, que Claudio va découvrir, suite à une épreuve : il échange son sang avec celui d’Oxana. C’est à ce moment que tout bascule. Oxana est une vampire et Claudio fait dorénavant partie de la communauté. Voilà notre jeune héros embarqué dans une aventure, pire, dans un combat titanesque entre “bons” et “mauvais” vampires, partisans ou non de l’alliance avec les humains.

C’est ici que bascule aussi l’intérêt du roman, à mon sens. Autant le lecteur était passionné par cette relation curieuse et fascinante entre les deux adolescents, autant le combat que Claudio doit mener, bien malgré lui, paraît indifférent. Livyns poursuit, en effet, son roman en dérivant de l’excellente fantasy urbaine du début vers un bric-à-brac fantastique grandiloquent, avec “Seigneurs sombres” luttant dans un autre monde (car la “porte” a été franchie) entre vampires de différentes tendances. Ces combats mythiques paraissent rabâchés. Le lecteur peine à s’intéresser à ces luttes entre factions et décroche. Dommage, car Livyns possède un véritable talent de conteur, très perceptible dans la première moitié du roman. Il est doué pour l’analyse des sentiments mystérieux qui animent ses héros, comme dans ses magistraux Contes d’Amy : pourquoi faut-il alors qu’il se lance dans une fresque épique qui ne semble pas correspondre à son tempérament ?

Il s’agit d’une seule opinion, certes, mais je préfère infiniment lire Livyns dans des textes aux touches fantastiques discrètes et prenantes que dans un scénario de film improbable.

Frédéric LIVYNS, Oxana, 148 p., Les Editions Sharon Kena

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