Petits contes cruels pour mal dormir

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Créées en 1999, les éditions Chloé des Lys « ont pour objectif de servir de tremplin aux auteurs qui signent chez elles ». Voici donc lancée une nouvelle auteure, Dominique Leruth, belge (elle habite à Watermael-Boitsfort, commune bruxelloise), présentée par un recueil de onze nouvelles fantastiques de bel aloi.

« Vous êtes une méchante ! » lui a dit Thomas Owen, président du jury du concours de nouvelles ’La Fureur de lire’, et qu’elle remporta. C’est vrai, Dominique Leruth est une méchante. En ce sens que ses récits oscillent constamment entre rêve et cruauté. Et ce dès le premier, L’Ange, drôle d’histoire d’ange apparu soudainement sur un toit, en pleine ville. Un gros ange vulgaire et pas du tout poétique, qui obsèdera le narrateur, jusqu’à la mort. La seconde nouvelle, Les landaus de Baden Road, est plus remarquable, par son atmosphère troublante et son thème angoissant : dans le parc de la ville, les couples promènent leur landau... vide. Pourquoi ? C’est ce que tente de savoir Macha, jeune immigrée nouvelle arrivante. Elle découvrira la terrible tradition lorsqu’elle aussi sera mère. Exemple typique de l’art de Dominique Leruth, cette nouvelle tire sa force du récit, bien sûr, mais aussi de l’ambiance dans laquelle elle se déroule. Par la suite, chaque ambiance forgera ainsi le climat fantastique, renforçant l’argument, toujours percutant. Ainsi, par exemple, La goutte, très cruelle histoire de rubis ensorcelé, bénéficie du cadre historique de la Révolution française ou Monsieur René de celui, plus banal mais non moins angoissant, d’une maison de repos pour personnes âgées. Le conte le plus horrible, carrément gore, est certainement Les manies du docteur Steiner : il pourrait évoquer le mythe de Jack l’éventreur mis en scène comme dans un vieux film d’horreur. Jamais plus, je ne pourrai regarder les aiguilles d’une grande horloge sans frémir…

Je l’ai dit, cruauté et rêve hantent Leruth. Le rêve dominera les dernières nouvelles, profondément originales, telles Rêve d’argile, qui narre les réflexions d’une statue, ou plutôt d’une future statue. Liaisons, à l’écriture d’une exemplaire limpidité, est totalement onirique. Et la fin, brutal retour à la réalité, est saisissante. Ce recueil magnifique se termine par Un été de braises, cruelle (à nouveau) histoire de fantômes entre adolescentes, au joli parfum gothique, évoquant la légende de la ’Dame blanche’. Signalons enfin aussi Semence ultime, seule incursion de l’écrivaine en SF, SF écolo et assez réussie. Une autre voie pour Dominique Leruth ? En tous cas, dans le genre fantastique, elle fait plus que ses preuves.

Interview ici !

Dominique LERUTH, Petits contes cruels pour mal dormir, ill. de couverture de Dominique Brynaert, 246 p., Editions Chloé des Lys

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